La Réforme, pilier du monde moderne et de la politique suisse
Durant l’année du jubilé des 500 ans de la réforme protestante, un camion parcourra l’Europe. L’exposition qui se trouve à bord, et les activités organisées par les villes hôtes invitent à la réflexion sur le rôle de la Réforme non seulement pour l’Eglise, mais pour toute la société.
«La réforme est aussi importante pour les autres confessions et pour les athées. Elle n’appartient pas qu’aux réformés», a déclaré le Conseiller fédéral Alain Berset devant une foule réunissant de nombreuses personnalités politiques ainsi que des dignitaires religieux suisses et européens. «La Réforme est un pilier du monde moderne, avec l’Etat de droit et les Droits humains», a ajouté le socialiste qui participait à l’inauguration officielle du «camion de la réforme», un véhicule qui va parcourir l’Europe pour «raconter et emporter des histoires» dans soixante-sept villes d’Europe pour finir son périple à Wittenberg dans une année, le 31 octobre 2017, soit exactement 500 ans après le mythique affichage par Luther des 95 thèses contre les Indulgences.
«Qui croit encore au purgatoire?»
Le principe est qu’à chaque halte, les Eglises locales organisent des activités autour du camion. A Genève, les professeurs de la Faculté autonome de théologie ont proposé une série de conférences sur des thèses tels que «qui croit encore au purgatoire», «La Réforme et les femmes à Genève» ou «La Réforme a-t-elle inventé le capitalisme?»
Samedi 5 et dimanche 6 novembre, le camion sera à Lausanne, entouré d’une exposition intitulée «Le selfie des protestants». Enfin, le 9 novembre, il stationnera à Neuchâtel, où un parcours historique reviendra sur les conditions de vie des femmes au XVIe siècle, au travers du parcours de Marie Torel, épouse du réformateur Guillaume Farel. Le camion continuera ensuite son périple en Suisse et en Europe, dans les villes qui ont marqué l’histoire de la Réforme.
Les racines de la Genève internationale
«Le choix de Genève comme point de départ du parcours européen de la Réforme est un grand honneur d’autant plus que la Réforme n’a pas commencé ici», a commenté François Longchamp, président du Conseil d’Etat genevois, qui a également pris la parole lors de la cérémonie d’inauguration. «Les organisateurs ont déclaré avoir choisi Genève en raison de sa tradition religieuse, de son aspect international et de sa réputation de village de paix et d’humanisme. Selon moi, tous ces éléments sont liés. Genève doit ses valeurs à la culture protestante d’hospitalité, d’attention, de simplicité, de rigueur et de son éthique».
Après avoir cité quelques noms et événements qui ont forgé la cité de Calvin, le PLR a résumé: «Genève doit ses valeurs à la culture protestante. Elle ne lui doit pas seulement sa puissance économique, mais aussi son influence spirituelle et dans une large mesure, son humanisme.»
Le Maire de Genève Guillaume Barazzone a également insisté sur l’importance de l’ouverture pour Genève. «Parmi les enseignements de la Réforme, il y en a un qui a retenu mon attention. Il y a 500 ans, ce sont les personnes étrangères à la cité qui ont amené la ville à sa prospérité.» Le PDC a affirmé sa conviction que «l’avenir de Genève se confond avec les deux grandes valeurs de la Réforme: humanisme et liberté.»
Humanisme et liberté
Deux principes auxquels tient également Gottfried Locher, président de la FEPS et de la Communion des Eglises protestantes en Europe. «Ce ne sont pas Calvin, Zwingli ou même Luther que nous célébrons aujourd’hui. Nous fêtons la Réforme, nous fêtons une idée. La Réforme a bouleversé l’Etat et la société, et elle est à l’origine des développements de la société moderne avec son intuition selon laquelle tous les êtres humains sont égaux», a rappelé le pasteur.
«La force de la Réforme dépasse l’Eglise réformée. Il s’agit d’un désir de liberté et d’émancipation des contraintes intérieures et extérieures. Il nous faut renouveler notre société avec ces valeurs d’autonomie et de responsabilité.»
Une vision que partage Alain Berset. «La Réforme a permis de promouvoir l’autonomie de l’individu, mais aussi sa condition et son éducation. La liberté individuelle qui est au cœur de la Réforme a profondément influencé la Suisse et son système politique», conclut-t-il. (cath.ch/protestinfo/jb/nr/gr)