RDC: Un prêtre assomptionniste abattu au Nord-Kivu
Vincent Machozi, prêtre assomptionniste et fondateur d’un site d’information dénonçant les violences au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC), a été tué dimanche 20 mars 2016 dans une attaque armée.
Fondateur d’un site d’information sur les violences au Nord-Kivu, le Père Vincent Machozi a été tué dans la nuit du dimanche 20 mars, peu après avoir posté un article dénonçant l’implication des présidents congolais et rwandais dans les récents massacres de l’ethnie Yira.
«Dix soldats des Forces Armées de la RDC»
Selon benilubero.com, le site d’information fondé par le prêtre, «c’est à 23 heures, heure de Butembo, que quelque dix soldats en uniformes des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (RDC) lourdement armés, s’amenant à bord d’une jeep, ont fait irruption dans l’enceinte du Centre social ‘Mon Beau Village’, situé à Vitungwe-Isale, où s’étaient retrouvés tous les chefs coutumiers de l’ethnie Yira, venus prendre part à une réflexion sur la paix». Mais selon d’autres sources, ce groupe armé n’a pas été formellement identifié comme appartenant à la RDC.
Pour le Père Amisi Kalonga, administrateur du territoire de Beni, il s’agit d’un assassinat ciblé, qui visait également le chef de la collectivité de la commune de Bashu, Abdul Paluku Kalemire III, en mission dans la zone et logé dans le même couvent, bien que ce dernier ait échappé au massacre.
Vincent Machozi se savait en danger
D’après le Père Emmanuel Kahindo, vicaire général de la congrégation des assomptionnistes à Rome, Vincent Marchozi se savait en danger. «Depuis deux ans, le P. Machozi était menacé et, par trois fois, avait réussi à échapper à la mort», explique le vicaire général au journal La Croix, en rappelant la demande de son confrère, en octobre dernier: «priez pour moi car je serai assassiné…».
La victime présidait l’association «Kyaghanda Yira», qui vise à défendre les droits et les terres de l’ethnie Yira (ou Nande), majoritaire dans cette partie du Nord-Kivu.
Ce peuple d’environ quatre millions de personnes est systématiquement chassé de ses terres, terrorisé et massacré par des groupes armés depuis 2010. Et ce, pour pouvoir exploiter le sous-sol riche en coltan. Lors de son assemblée générale en février, Kyaghanda Yira a qualifié ces massacres de «génocide de l’ethnie Yira».
Les présidents seraient derrière les massacres
Selon Emmanuel Kahindo, «le P. Machozi est parvenu à démontrer que Joseph Kabila (président de la RD-Congo depuis 2001), en lien avec Paul Kagamé (président du Rwanda depuis 2000), serait derrière tous ces massacres. Il réclamait une enquête internationale sur les exploitations illégales de coltan et l’implication des armées congolaises et rwandaises dans les massacres». (cath.ch-apic/lc/ibc/gr)