RDC: les habitants de Bukavu commencent à stocker la nourriture
Alors que Goma, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), est passée sous administration rwandaise, les hommes du M23 se dirigent vers Bukavu. Les habitants de la capitale du Sud-Kivu commencent à stocker des provisions et redoutent les pillages.
Goma, où l’on compte maintenant près de 3’000 morts, est passée sous administration rwandaise. 2’000 morts ont été enterrés et selon l’estimation de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 900 corps attendent dans les morgues des hôpitaux.
Après la prise de Goma, les hommes du M23, soutenus par le Rwanda, ont pris la direction de Bukavu. Le gouverneur du Nord-Kivu est désormais un Rwandais, affirme à cath.ch une source présente dans la région. «Ils sont encore à bonne distance de la capitale du Sud-Kivu. Leur progression est pour l’instant stoppée à Nyabibwe, une ville située au bord du lac Kivu, à 85 km au nord de Bukavu. L’armée congolaise y a renforcé ses positions, épaulée par l’armée burundaise venue en soutien», informe la source. Les combats ont repris, le M23 ayant rompu le cessez-le-feu qu’il avait unilatéralement instauré.
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Les habitants anxieux
La vie suit son cours à Bukavu, mais les habitants sont anxieux et ils ont commencé à stocker des provisions. «Les prix des denrées alimentaires flambent et les plus pauvres ne peuvent plus s’acheter à manger», poursuit notre source. Le ravitaillement est coupé du côté de la RDC. Les habitants de la région doivent se tourner vers le Rwanda pour s’approvisionner. L’exclusivité de la provenance des produits alimentaires contribue à la flambée des prix.
Nombre de jeunes s’enrôlent dans des groupes d’autodéfense. «La ville se prépare toutefois aux pillages, précise notre source, en effet les gens ont peur des soldats congolais, livrés à eux-mêmes en cas de défaite. Certains jettent leur uniforme, mais gardent leurs armes et se livrent au pillage ou au viol. C’est ce que redoute le plus la population». Les soldats établissent également des barrages sur les routes, arrêtent les gens et les rançonnent.
Le porte-parole du Haut-Commissariat aux droits Humains (HCDH) a fait savoir, le 2 février dernier, qu’il était «en train de vérifier des rapports selon lesquels 52 femmes ont été violées par les troupes congolaises dans le Sud-Kivu, y compris des rapports allégués de viols collectifs». (cath.ch/ag/bh)