La CENCO, et son président Mgr Marcel Utembi, mettent en garde contre la montée des tensions dans le pays à quelques mois des élections | © Vatican Media
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RDC: les évêques préoccupés par la montée de la violence

A l’issue de leur 60e assemblée plénière, les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) se disent préoccupés par la violence des nouveaux groupes de miliciens qui opèrent dans l’ouest du pays et sèment «la terreur» jusqu’aux portes de Kinshasa, la capitale. Alors que s’est ouvert le dépôt des candidatures le 26 juin 2023 en vue des élections présidentielles et législatives, le pays connait un regain de violence.

Dans une déclaration publiée au terme de sa 60e assemblée plénière (19-22 juin 2023) à Lubumbashi (Haut-Katanga), au sud-est, la CENCO a demandé à l’État congolais de réduire le train de vie des Institutions républicaines pour donner plus de moyens aux forces armées, afin de faire face à la violence des milices, d’une part. Et pour permettre, d’autre part, le renforcement de la cohésion nationale car «l’heure est grave». La CENCO avait déjà émis cette recommandation en novembre 2022, à l’issue d’une assemblé générale extraordinaire.

Les groupes visés sont les miliciens Mobondo, et ceux de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), le parti au pouvoir. Ces derniers sont connus sous l’appellation de la «Brigade spéciale de l’UDPS» (BSU).  

Conflit ethnique

La milice Mobondo est née il y a un an, pendant un conflit entre les communautés Yakas et Tékés. Le différent portait sur le paiement d’une redevance coutumière, rejetée par ces derniers. Pour pouvoir exploiter les terres appartenant aux Tékés, les Yakas devaient en effet payer une redevance aux chefs coutumiers Tékés. Un arrangement qui a permis aux deux communautés de cohabiter pacifiquement pendant des années. Selon un rapport de l’ONG Human rights watch (HRW), le conflit entre les deux communautés a fait au moins 300 morts, entre juin 2022 et mars 2023.

La milice BSU opère surtout en milieu urbain et est «visiblement entretenu», selon la CENCO. «Elle collabore parfois avec la police, indiquent les évêques, pour traquer les adversaires politiques et d’autres citoyens paisibles portant un regard critique sur la gouvernance actuelle du pays.»

Évêques agressés lors d’une visite pastorale

Pour les évêques, la violence dans le pays s’exerce notamment sur le champ politique. Du fait de l’approche des élections présidentielle, législatives et locales de 2024, il y a une «intolérance politique des fanatiques» de certains partis. Ils s’attaquent au grand jour aux adversaires politiques et à ceux qu’ils accusent d’être proches d’eux, tels que les évêques.

Ces derniers ont subi «des actes de violence et d’intimidation», lors de leur visite pastorale à Kasumbalesa, le 18 juin dernier. Selon le site d’information «Le Congo qu’on aime», lors de ce déplacement, les évêques ont en effet été accueillis par des jets de pierres de la part de jeunes organisés, provoquant la colère des populations et des organisations de la société civile. Une attaque orchestrée, selon le média, par les miliciens de l’UDPS.

«Ces actes de violence sont planifiés par les ennemis de la paix, de l’unité et de la cohésion nationale», a dénoncé Raphaël Mututa, président de la Fondation Katangaise. Il a appelé les autorités à prendre «toutes les mesures nécessaires pour arrêter l’hémorragie des violences qui secouent la province.» 

Dépôt des candidatures

La période du dépôt des candidatures pour les élections législatives s’est ouverte le 26 juin. Elles sont prévues pour le mois de décembre, en même temps que les élections générales, dont la présidentielle. Les prétendants et les députés sortants peuvent déposer leur dossier, mais que va décider l’opposition, qui se montre très critique contre la Commission électorale? interroge Radio France International (RFI).

L’ex-président Joseph Kabila a déjà appelé les cadres du Front Commun pour le Congo à boycotter le processus électoral en cours. Pour sa part, l’opposant Martin Fayulu a conditionné la participation de son parti à la révision complète du fichier électoral. 

Selon RFI, À l’issue de cinq jours des travaux de leur assemblée plénière, les évêques de la RDC affirment que l’Église catholique va jouer le rôle d’observation électorale à condition qu’il y ait des garanties de transparence. Pour cela, une commission a été mis en place afin d’assurer le suivi du processus électoral. (cath.ch/ibc/RFI/bh)

La CENCO, et son président Mgr Marcel Utembi, mettent en garde contre la montée des tensions dans le pays à quelques mois des élections | © Vatican Media
26 juin 2023 | 10:42
par Ibrahima Cisse
Temps de lecture : env. 3  min.
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