RDC: L’Eglise catholique cible d’une série d’actes de vandalisme inhabituels

Depuis une semaine, l’Eglise catholique de la République Démocratique du Congo (RDC) est la cible de violences inhabituelles, avec des attaques contre ses édifices, des profanations de ses lieux de cultes. L’archevêque de Kinshasa y voit une volonté délibérée de torpiller le processus de réconciliation nationale mené sous l’égide de l’épiscopat.

Selon les médias locaux, le 18 février 2017, des inconnus ont incendié une partie du grand séminaire de Malole, au Kasaï occidental. Le lendemain, 19 février, la paroisse St-Dominique de Limete, à Kinshasa, la capitale, a été vandalisée par une vingtaine de jeunes.

Une scène identique s’est déroulée à l’église St-Jean Baptiste et au couvent des sœurs Servantes de Saint Joseph de la paroisse sainte-Bernadette, à la Katuba – Upemba, près de Lubumbashi.

Le 22 février, dans la matinée, la paroisse Ste-Marie de Lukalaba, au Kasaï-Oriental, a elle aussi été saccagée. Les vandales ont cassé la porte de l’église et profané l’autel. Ils ont emporté les nappes de l’autel, les livres liturgiques et tout ce qui était apprêté pour la messe matinale, a déclaré sur radio Okapi le curé de la paroisse, Jean Marie Mutombo. Les assaillants ont cassé la fenêtre de la sacristie, emporté la statue neuve de la vierge Marie, que la paroisse venait de recevoir bienfaiteurs de France, ainsi que des calices, des ciboires, entre autres.

«Nous sommes déçus et découragés par rapport au travail que nous abattons ici. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour apaiser la misère de nos populations. Mais que des gens s’insurgent contre les actions de l’Eglise, c’est quand même déplorable», a dénoncé le prêtre.

A Mbuji-Mayi-centre, un groupe d’individus a tenté de piller les paroisses St-Robert Kansele et St- Albert-le-Grand, mais en vain, la police étant intervenue à temps pour les en empêcher.

A Lubumbashi, au Haut-Katanga, des inconnus, munis de bidons d’essence et de pneus, ont mis le feu à la porte d’entrée de l’église de la paroisse St-Kizito. Là aussi, les forces de l’ordre ont réussi à mettre fin à leur acte de vandalisme. Auparavant, ils avaient cassé les vitres de l’église et des salles de classes de l’école catholique, située non loin. Ils ont ensuite emporté plusieurs machines à coudre et une importante somme d’argent de l’établissement.

Tentative de torpiller la réconciliation nationale?

L’archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo a condamné toutes les attaques perpétrées contre des édifices de l’Eglise catholique, tout en exprimant l’indignation du clergé. «Ces événements, a-t-il poursuivi, laissent croire que l’Eglise catholique est visée, de manière intentionnelle, pour torpiller sa mission de paix et de réconciliation, au moment où la CENCO (conférence épiscopale nationale) poursuit sa mission de bons offices» entre le pouvoir et l’opposition.

Le cardinal a exprimé son soutien à la CENCO, dans sa mission de médiation, sa démarche et tous ses efforts pour l’avènement d’un Etat de droit, «afin que les institutions destinées à gérer le pays soient mises en place, pour améliorer les conditions de vie du peuple congolais, dont la misère ne fait que s’accentuer, et garantir les libertés fondamentales et la dignité humaine».

«Nous invitons les uns et les autres à faire preuve de sagesse, de retenue, d’esprit démocratique pour résoudre la question relative à la désignation du Premier ministre et aux autres questions connexes, en vue de décanter la crise qui ne fait que durer et risque de mettre en péril la tenue des élections prévues à la fin de cette année selon les accords de la Saint Sylvestre», a conclu l’archevêque de Kinshasa dans son communiqué.(cath.ch/ibc/mp)

Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kinshasa | © Jacques Berset
23 février 2017 | 14:33
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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