La radio-télévision publique sénégalaise ne couvrira pas le pèlerinage catholique 2016
Pour la première fois depuis quarante ans, la radio-télévision publique du Sénégal, n’assurera pas la couverture du traditionnel pèlerinage catholique aux lieux Saints de la chrétienté, à Notre-Dame de Fatima au Portugal, à Lourdes, en France, au Vatican et à Bethléem.
Quelque 346 catholiques du pays effectuent, du 24 août au 12 septembre 2016, ce pèlerinage placé sous le thème de la miséricorde et qui sera marqué par une rencontre avec le pape François à Rome.
Lors d’une conférence de presse, la veille du départ, Mgr Paul Abel Mamba, évêque de Ziguinchor et président du Comité interdiocésain national des pèlerinages catholiques (CINPEC) a déclaré que aucun accord n’avait pu être trouvé avec la direction générale de la Radiodiffusion télévision sénégalaise (RTS) sur la composition de l’équipe de reporters devant couvrir cet évènement religieux.
Journalistes musulmans ou catholiques ?
Le CINPEC souhaitait qu’il soit couvert par une équipe de trois journalistes catholiques de la RTS, comme c’était le cas depuis 2007. En revanche, la direction générale de la RTS, se basant sur le principe de la laïcité, a désigné deux journalistes-techniciens musulmans et une catholique.
Le CINPEC a justifié son choix par le fait que les autorités de certains pays, tel qu’Israël, sont «très regardantes sur les noms de pèlerins». Dès lors il a rejeté la proposition de la RTS. De son côté la télévision a relevé le fait «que les reporters ne vont pas en pèlerinage, mais pour le travail». Elle a également rappelé que des journalistes musulmans couvrent chaque année, le pèlerinage marial de Ponponguine, au sud de Dakar, de la même manière que des reporters chrétiens couvrent le grand magal musulman des mourides à Touba.
Dialogue de sourds
«Comparaison n’est pas raison, a rétorqué Mgr Mamba. Certes, des musulmans ont l’habitude de couvrir le pèlerinage de Rome et ce sont des professionnels, mais il faut tenir compte de l’évolution des choses. Car, ce qui était valable avant, ne l’est plus maintenant». Si le CINPEC a demandé à avoir avec lui, des reporters chrétiens, c’était une manière pour lui faciliter l’organisation du voyage. «C’est dommage que ce malentendu n’ait pas pu être réglé et qu’on parte sans notre télévision nationale», a-t-il déploré, tout en précisant que ce n’était pas une affaire de religion. Pour la direction générale de la RTS, il n’y a pas, non plus, de problème entre la communauté catholique et elle. Il s’agit juste d’une incompréhension.
A ceux qui évoquent le cas de La Mecque dont aucun reporter catholique n’est désigné pour la couverture, Dominique Ndecky a répondu: «à La Mecque, il y a des espaces sacrés où qui n’est pas musulman ne peut accéder. Pour cette raison, nous envoyons des reporters musulmans pour avoir la couverture totale de l’événement. Mais pour Rome, ce n’est pas le cas. Un non chrétien peut accéder à tous les lieux et c’est pourquoi, nous avons longtemps envoyé des reporters musulmans pour Rome et jamais, nous n’avons eu de problème avec la commission». (cath.ch-apic/ibc/mp)