Suisse: Caritas lutte contre l'excision en sensibilisant les communautés

Quelque 10’700 femmes concernées dans le pays

Lucerne, 12 décembre 2013 (Apic) L’œuvre d’entraide catholique Caritas Suisse accompagne plus de 40 personnes immigrées qui mènent dans leur communauté un travail de sensibilisation contre l’excision. En Suisse vivent quelque 10’700 femmes et jeunes filles qui viennent de pays où l’on pratique cette mutilation génitale.

«Nous les femmes, nous avons suffisamment souffert. En Somalie, nous avons dû endurer la douleur de l’excision à trois reprises: lors de la mutilation elle-même, lors de notre nuit de noces et lors de la naissance de nos enfants», relève Fatuma, jeune femme engagée contre les mutilations génitales féminines. Elle explique qu’elle ne savait même pas qu’il pouvait en être autrement. «Ici, en Suisse, nous voulons nous défendre. Mais pour y arriver, nous avons besoin du soutien et de l’aide de Caritas», ajoute la Somalienne.

Etablir la confiance

Avec beaucoup de patience et de respect, les personnes chargées du travail de sensibilisation créent avec les mères, les pères, les jeunes filles et les jeunes femmes, la base de confiance nécessaire pour lancer un débat sur la culture, les traditions, les droits de l’homme et les conséquences dramatiques de l’excision, explique Caritas dans un article diffusé le 12 décembre 2013. Cette participation active a pour effet d’augmenter le degré d’acceptation des communautés concernées, elle est donc indispensable au travail de prévention, souligne l’œuvre d’entraide.

Conseiller les spécialistes

«Les raisons invoquées pour justifier l’excision sont nombreuses, tout comme les arguments et les convictions», rappelle Caritas. Souvent, les familles concernées en Suisse ne parviennent pas d’elles-mêmes à mener un débat nuancé sur la question et à s’opposer à la tradition. Caritas Suisse leur propose des rencontres avec des services d’assistance et des interlocuteurs de confiance. L’œuvre d’entraide veille en particulier à ce que les intervenants se comprennent bien entre eux, ce qui permet de favoriser une réflexion critique et la transmission des informations nécessaires à un changement de comportement.

Les services sociaux, les institutions chargées de venir en aide aux réfugiés, les professionnels de la santé qui sont confrontés aux conséquences sociales et sanitaires de l’excision manquent souvent d’informations ou de l’expérience nécessaire pour offrir aux personnes concernées l’aide médicale, psychologique ou juridique dont elles auraient besoin. Caritas Suisse leur propose conseils et information sur toutes ces questions.

Ces trois dernières années, Caritas Suisse a également soutenu la mise en oeuvre de stratégies cantonales contre les mutilations génitales féminines.

Une lutte difficile

L’excision, également appelée mutilation génitale féminine, constitue une grave atteinte à l’intégrité corporelle. Depuis le 1er juillet 2012, un article de loi interdit toutes les formes de mutilations génitales féminines en Suisse, même lorsque ces dernières ont été pratiquées dans le pays d’origine des personnes, et les rend passibles d’une condamnation pénale. Mais l’interdiction légale ne suffit pas à empêcher ces pratiques, avertit Caritas. En effet, les méthodes de prévention classiques n’atteignent pas les groupes cibles. La barrière des langues, la peur du contact, les préjugés et le manque de confiance empêchent l’engagement d’une réflexion avec les familles concernées, relève l’œuvre d’entraide. (apic/com/rz)

12 décembre 2013 | 11:15
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!