Quand Radio Vatican contrait les «fake news» nazies
Lors de la Seconde Guerre mondiale, Radio Vatican a beaucoup fait pour prendre le contre-pied de la propagande nazie. Des faits confirmés dans un ouvrage à paraître prochainement du journaliste d’investigation britannique Nathan Morley.
«Incroyablement hostiles et résolument agressifs». C’est ainsi que Joseph Goebbels qualifiait les programmes de Radio Vatican. Au cours de la guerre, le chef de la propagande nazie recevait presque quotidiennement le compte rendu des émissions du média du Saint-Siège, assure Nathan Morley au site internet américain Crux, le 17 février 2020.
Des informations détaillées dans le livre du journaliste intitulé Radio Hitler: Nazi Airwaves in the Second World War, qui paraîtra en août 2020. Il se base sur un très grand panel de documents de première main pour décrypter la façon dont les radios d’Hitler utilisaient les «fake news» dans leur travail de propagande.
Dénonciation de l’horreur nazie
L’enquête révèle à cet égard la profonde antipathie des services médiatiques allemands contre Radio Vatican. Selon le journaliste, Joseph Goebbels «était horrifié à la lecture des comptes rendus» de ses programmes. Radio Vatican avait en effet dénoncé les crimes nazis dès les débuts de la guerre. En 1940, un reportage faisait état de «l’horreur et des abus inexcusables» infligés par les Nazis au peuple polonais sous occupation. Le média avait également critiqué les mesures prises par les autorités allemandes pour supprimer le catholicisme en Alsace-Lorraine et dans d’autres endroits de la France occupée. Un programme régulier consistait en outre en la visite des camps de prisonniers de guerre en Italie. Certains détenus en profitaient pour envoyer des messages personnels à leurs proches.
Brouillage et bombardement
Inévitablement, les ondes de Radio Vatican avaient fini par être la cible du brouillage allemand, ce qui l’avait obligée à modifier sa fréquence. «Il est important de savoir que la portée de Radio Vatican était immense», souligne Nathan Morley. Elle diffusait des actualités quotidiennes détaillées sur la guerre qui pouvait atteindre de nombreuses parties du monde.
Joseph Goebbels ne comprenait pas qu’une station de radio indépendante puisse émettre en toute impunité de l’Italie, considérée comme la plus fidèle alliée du IIIe Reich. La Cité du Vatican est restée neutre durant le second conflit mondial et n’a pas été envahie par les armées de l’Axe. Mais les Italiens étaient convaincus que Radio Vatican envoyait des messages codés aux Alliés. En conséquence, le régime de Mussolini avait bombardé le Vatican le 5 novembre 1943, mais sans provoquer de dégâts déterminants.
Le livre de Nathan Morley renseigne aussi sur les tentatives des radios hitlériennes de se rallier les catholiques de divers pays. Ces médias avaient notamment tenté de faire passer l’invasion de l’URSS, dès juin 1941, pour une «croisade chrétienne contre le monde communiste». (cath.ch/crux/arch/rz)