Quand le pape François était le professeur Bergoglio
Propos recueillis à Rome par Arthur Herlin, I.MEDIA
Jorge Mario Bergoglio était un professeur exceptionnel, mais distant, formel, froid. Tel est le souvenir qu’en a gardé un de ses élèves de Buenos Aires, Mario Paredes. Depuis qu’il est devenu le pape François, son attitude a changé. Il est beaucoup plus chaleureux, constate le médecin.
Mario Paredes, est aujourd’hui directeur général de l’ONG SOMOS, un réseau de 600 médecins et de 2’500 prestataires de soins présents dans les quartiers défavorisés de New York, aux Etats-Unis. A la veille d’une audience du pape François au Vatican, le 20 septembre 2019, il évoqué avec I.MEDIA le souvenir de ses années d’études avec le professeur Bergoglio en Argentine.
Dans quelles circonstances avez-vous connu le futur pape François?
A la fin des années 1960, mes parents m’ont envoyé étudier à l’université jésuite du Christ Sauveur à Buenos Aires (Argentine) pour obtenir un diplôme en philosophie. Mon professeur en littérature n’était autre que Jorge Mario Bergoglio. C’était un professeur exceptionnel, mais distant, formel, froid. Il était très poli mais ne souriait jamais. Ses cours étaient néanmoins très divertissants en raison de l’étendue de ses connaissances. Il citait à loisir des écrivains, c’était fascinant. Ses présentations étaient également ponctuée s de nombreuses références très variées en peinture, en musique, etc. C’est un homme multifacette.
Comment expliquer l’aura amicale, sympathique et accessible qui le caractérise désormais?
Je me suis posé la question de nombreuses fois. Il était si formel et distant… Il semble qu’un tournant ce soit engagé dès lors qu’il est devenu pape. C’est certainement l’œuvre du Saint-Esprit. Je l’ai rencontré depuis de nombreuses fois à la résidence Sainte-Marthe. Il a toujours été très charmant avec moi. Quand il était cardinal archevêque de Buenos Aires, j’avais l’habitude de l’inviter chaque année à New York pour célébrer la fête de Notre Dame de Lujan, patronne d’Argentine. Il n’est jamais venu mais m’a systématiquement répondu par un mot exprimant sa reconnaissance pour l’invitation. Il n’a jamais vraiment aimé voyager. Aujourd’hui encore, je ne sais pa s s’il apprécie prendre l’avion, mais il remplit son devoir.
A-t-il toujours cependant toujours manifesté un intérêt pour l’étranger?
Une semaine après son élection, j’ai été invité à le rencontrer au Vatican avec des leaders hispaniques venus des Etats-Unis. Je lui ai remis un livre dont il était l’auteur, Dialogues entre Jean Paul II et Fidel Castro (1998). Quand je lui ai montré, il s’est aussitôt exclamé : «un péché de jeunesse !». C’est intéressant qu’il ait écrit sur Cuba alors qu’il ne s’agit pas vraiment d’un pays d’Amérique latine. Cela révèle à quel point il a une vaste connaissance et un intérêt certain pour de nombreux contextes à travers le monde. (cath.ch/imedia/ah/mp)