Quand la place Saint-Pierre prend des airs de jardin d’enfants
François n’est pas le premier pape à embrasser des enfants, en particulier lors des audiences générales. Mais avec le pape argentin, le phénomène a pris une ampleur étonnante. Lorsqu’il tourne en papamobile à travers la foule des fidèles, place Saint-Pierre, il embrasse ainsi plusieurs dizaines de jeunes enfants qu’on lui présente, dans une ambiance joyeuse.
Chaque mercredi matin, comme ce 24 février 2016, c’est la même scène qui se répète. Le pape François arrive en papamobile sur la place Saint-Pierre et il ne se passe pas deux minutes sans que l’un des 10 gendarmes ou gardes suisses qui entourent le véhicule ne lui présente un enfant à embrasser.
Une petite fille en blouson rose, une autre avec des lunettes de soleil, un bébé en combinaison de couleur vive, etc. Les parents tiennent bien souvent à bout de bras leur enfant au-dessus des barrières de bois qui séparent la foule du passage prévu pour le pape. Gendarmes et gardes suisses n’ont alors plus qu’à les ›cueillir’ et à les hisser jusqu’à l’évêque de Rome. «Martina, elle a un mois», glisse au pape le commandant de la Gendarmerie vaticane, Domenico Giani. «Pourquoi pleures-tu ?», demande tout doucement le pape François à un autre petit garçon passé de bras en bras et visiblement peu rassuré. «Tu me donnes un petit bisou ?», demande-t-il à un autre avant de le remercier.
Au milieu des cris et d’une forêt de téléphones portables, le chef de l’Eglise catholique traverse la foule. La papamobile s’arrête et le pape embrasse un petit garçon qui porte un tee-shirt de Superman, hissé par le commandant de la Garde suisse pontificale, Christoph Graf. Puis c’est au tour d’un poupon, tenu comme le saint sacrement par un autre officier suisse. «Quel âge-a-t-il ?» demande le pape, visiblement attendri. «Un mois !» crie le père. Précédant la papamobile, le photographe attitré du pape, Francesco Sforza, lève bien haut son appareil et mitraille autant qu’il peut pour emmagasiner des souvenirs de ces baisers.
Clichés souvenirs
Vient le tour de Micha, 15 mois. Originaires de Hollande, ses jeunes parents sont passés presque par hasard place Saint-Pierre. C’est une habituée qui leur a conseillé de présenter leur enfant au pape. Ils sont ravis. Comme les autres parents, ils ne manqueront pas d’aller chercher un ou plusieurs clichés de ce baiser papal au service photographique de L’Osservatore Romano. D’ailleurs, la papamobile à peine passée, un homme distribue un feuillet sur lequel sont inscrits les horaires d’ouverture de la boutique située derrière les murs du Vatican.
Bérengère habite Rome. Cette Française est venue avec ses quatre enfants et n’est pas peu fière d’avoir présenté au pape les deux plus jeunes : Gaspard, qui a près de deux ans, et Gustave, le dernier-né, âgé de quatre semaines. «Il y a ici des milliers de personnes et le pape s’arrête, te regarde, regarde ton enfant, tu comptes pour lui», confie Bérengère, émue.
Le tour de la place Saint-Pierre se poursuit. Parfois, la papamobile avance trop vite et le pape n’a pas le temps de faire signe au chauffeur de s’arrêter. Il se penche alors, au risque de tomber du véhicule, et donne une tape affectueuse sur la tête d’un enfant, ou fixe des yeux le bambin et ses parents avant de donner sa bénédiction.
Ces longues minutes qui précédent l’audience générales donnent parfois lieu à des images étonnantes. Comme lorsque l’enfant que l’on présente au pape pleure trop et que les hommes de sa sécurité le repoussent avec délicatesse. Souvent, le pape fait alors signe aux parents que le bambin est en larmes et qu’il ne veut pas l’effrayer plus encore. Ou alors lorsque le pape prend le temps de remettre leur capuche aux nourrissons, ou quand il leur remet dans la bouche une tétine qui a glissé.
«Laissez venir à moi les petits enfants», dit Jésus dans l’Evangile. Ces tournées en papamobile sont une image vivante de ce passage évangélique, dans une ampleur parfois inattendue. Ainsi, lors de la première audience jubilaire, un samedi de janvier, le pape François a embrassé plus de 70 bambins ! «Ce n’est pas une audience, c’est une garderie», avait alors glissé avec amusement le pape au commandant de la Gendarmerie Vaticane. (cath.ch-apic/imedia/ami/mp)