Pyongyang accueille des volontaires catholiques au chevet des tuberculeux
Séoul, 11 mai 2015 (Apic) Les volontaires catholiques qui travaillent avec les malades de la tuberculose en Corée du Nord «nous ont apporté vie et espérance, et nous voulons les remercier pour cela», a affirmé le porte-parole d’une groupe de malades. Il s’adressait à une délégation de la Fondation Eugene Bell – une organisation basée aux Etats-Unis qui vient en aide aux tuberculeux de ce pays communiste -, qui comprenait des prêtres catholiques.
Parmi les membres de la délégation, qui terminait son «voyage de printemps» du 20 avril au 6 mai en Corée du Nord, figurait le Père Gerard Hammond, supérieur régional en Corée des Pères de Maryknoll, autre nom de la «Société des missions étrangères catholiques d’Amérique». Interrogé par l’agence de presse catholique italienne AsiaNews, le Père Hammond a estimé que les perspectives étaient «encourageantes».
Cinq nouveaux centres de santé supervisés par la Fondation Eugene Bell
La délégation a pu constater la guérison d’environ un millier de malades. Le gouvernement nord-coréen a autorisé la construction de cinq nouveaux centres de santé supervisés par la Fondation Eugene Bell, qui s’ajouteront aux onze déjà existants. Chaque centre peut accueillir 20 personnes malades. «Nous fournissons les structures, les médicaments et parfois la mise aux normes sanitaires, explique le Père Hammond. Le gouvernement est conscient des risques d’une maladie comme la tuberculose, et il est beau de voir que dans ce domaine, les autorités nord-coréennes collaborent. La rencontre avec la délégation des patients guéris a été particulièrement belle. Donner de l’espérance, pour un chrétien, est une chose merveilleuse!»
Le Père Hammond travaille depuis environ 20 ans avec la Corée du Nord, un pays de 25 millions d’habitants qui connaît un régime très répressif et où la toute petite communauté chrétienne est très surveillée. L’Association des catholiques coréens (NKCA) sert de vitrine au régime et le pays ne compte que quelques lieux de culte chrétiens et temples bouddhistes.
En tant que supérieur régional des missionnaires de Maryknoll, il a accompli plus de 50 voyages dans le pays, habituellement très fermé. Fait rarissime, la Corée du Sud lui a octroyé la nationalité sud-coréenne pour son engagement humanitaire au service de toute la péninsule coréenne. Il agit en coordination avec la fondation américaine, dont une délégation visite la Corée du Nord deux ou trois fois par an depuis 1995.
La Fondation Eugene Bell a déjà une longue tradition d’aide à la Corée du Nord. Elle est née de la volonté d’un médecin américain, Stephen Linton, qui vit en Corée du Sud, dont il a reçu la nationalité. La Fondation contribue à l’amélioration du système de santé public en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) en aidant de nombreux établissements de santé à diagnostiquer et à traiter la tuberculose. La Fondation Eugene Bell apporte aussi une aide alimentaire aux populations qui souffrent des catastrophes naturelles.
Pas d’objection de Pyongyang à la présence de prêtres catholiques
Le prêtre précise que le gouvernement de Pyongyang n’a posé aucune objection à ce que des prêtres catholiques, s’affichant comme tels, participent à ces opérations humanitaires dans ce pays qui n’accorde pourtant de visas aux Occidentaux qu’au compte-goutte. En Corée du Nord, on ne trouve aucun évêque ni prêtre catholique, et les missionnaires ne sont normalement pas autorisés à s’y rendre. Mais depuis 1998, le Père Gerald Hammond a toutefois pu visiter les villages dans une province au nord de Pyongyang deux fois par an.
Avant la libération du pays de l’occupation japonaise en 1945 et la division de la Corée en deux zones, séparées par le 38e parallèle, il y avait 52 paroisses et 50’000 fidèles dans le Nord, tandis qu’au Sud, on comptait environ 100’000 fidèles. Après 1949, année durant laquelle Mgr Hong Yong-ho – à l’époque vicaire apostolique de Pyongyang – et tous les autres prêtres ont été emprisonnés ou ont été contraints à fuir le Nord, il n’y a plus eu aucun prêtre actif dans la partie du pays aux mains des communistes. Selon des sources vaticanes, il y aurait cependant aujourd’hui au moins plusieurs centaines de catholiques en Corée du Nord. (apic/asian/be)