Prêtre égorgé: «Une insulte à Dieu», s'indigne Hafid Ouardiri
«La pire insulte que l’on puisse faire à Dieu et à l’humanité». C’est ainsi que l’intellectuel musulman genevois Hafid Ouardiri qualifie l’assassinat d’un prêtre, le 26 juillet 2016 près de Rouen, par des islamistes de Daech. Il souligne que ce genre d’actes s’oppose totalement aux principes du Coran ou à la tradition islamique.
«Il y a en Syrie, des prêtres chrétiens qui ne cherchent querelle à personne. Ne les inquiétez pas et ne tuez aucun d’entre eux.» Ces mots furent prononcés par Abou Bakr, premier calife et successeur du prophète Mahomet, à l’adresse de ses troupes envoyées en Syrie, au 7e siècle, pour combattre les légions romaines. Hafid Ouardiri rappelle à cath.ch cette histoire pour bien relever que les terroristes qui ont égorgé le Père Jacques Hamel dans l’Eglise de Sainte-Etienne-du-Rouvray ne pouvaient se référer en rien à la tradition islamique.
«Qu’ont-ils compris au Coran?»
Dans la matinée du 26 juillet, pendant la messe, deux terroristes sont entrés dans l’église de Seine-Maritime. Ils ont pris en otage cinq personnes, dont des religieuses et l’abbé Jacques Hamel. Après avoir tué ce dernier en l’égorgeant, ils ont grièvement blessé une paroissienne âgée. Ils sont ensuite sortis de l’église, où ils ont été abattus par la brigade d’intervention. L’attaque a été revendiquée l’après-midi par le groupe djihadiste Etat islamique (EI).
«Je n’ai plus de mots pour qualifier ces abominations»
«Comment peuvent-ils croire que l’islam les invite à tuer et à mourir au nom de Dieu», lance le directeur de la Fondation de l’Entre-connaissance, à Genève. «Qu’ont-ils compris du Coran, ces assassins qui obéissent à d’autres assassins, aussi lâches les uns que les autres», poursuit-il. Pour conforter ses dires, il cite un passage du livre sacré des musulmans: «Tel est le cas de ceux qui ont été injustement chassés de leurs foyers uniquement pour avoir dit: ‘Notre Seigneur est Dieu!’ Si Dieu ne repoussait pas certains peuples par d’autres, des ermitages auraient été démolis, ainsi que des synagogues, des oratoires et des mosquées où le Nom de Dieu est souvent invoqué.» Le Coran demande ainsi clairement de protéger tous les cultes monothéistes. Enfreindre cette règle, c’est donc aller contre les valeurs de l’islam, martèle Hafid Ouardiri.
Daech, tueurs de femmes et d’enfants
Pour l’exégète, les terroristes de Saint-Etienne-du-Rouvray, comme celui de Nice, n’ont rien à voir avec Dieu, ni avec la religion musulmane. Il rappelle à cet égard que le calife Abou Bakr, dans le même discours où il enjoint de ne pas faire de mal aux religieux, appelle à épargner les femmes et les enfants. Or de nombreuses femmes et enfants ont été tués dans les récentes attaques islamistes qui ont ensanglanté la planète. Dix enfants sont par exemple décédés sur la Promenade des Anglais.
«Je n’ai plus de mots pour qualifier ces abominations», se désespère Hafid Ouardiri. Il appelle cependant à ne pas entrer dans la dialectique des terroristes. «Ils veulent semer la haine, ne tombons pas dans leur piège». Le spécialiste de l’islam appelle toute religion, toute culture et toute l’humanité à s’allier pour barrer la route à la haine, à la violence, à l’ignorance «qui nous menacent et qui constituent la croyance de ces nouveaux barbares, sans Dieu, ni foi, ni loi…» (cath.ch-apic/rz)