Présidentielles françaises: quel vote pour les catholiques?
Pour quelles raisons les catholiques français voteront-ils pour Emmanuel Macron, Marine Le Pen ou encore Benoît Hamon? Avant le premier tour des élections présidentielles du 23 avril 2017, le quotidien La Croix a recueilli les réflexions de citoyens à ce sujet.
Selon les derniers sondages, Emmanuel Macron, le candidat d’En marche! a de bonnes chances de se retrouver au second tour. Richard L., 62 ans, retraité, dans les Yvelines, ne voit aucun point de son programme qui entre frontalement en contradiction avec sa foi chrétienne. Tout en défendant une position économique intéressante, plus souple et plus libérale, Richard estime qu’Emmanuel Macron soutient «un certain nombre de valeurs de partage, d’égalité, d’accueil de l’autre que l’on peut, bien sûr, retrouver dans le discours de l’Eglise».
Sécurité ou injustice sociale?
La candidate du Front national, Marine Le Pen, suit de peu Emmanuel Macron dans les sondages (22% contre 24%, le 22 avril). Bien que les idées de la politicienne d’extrême droite soient souvent décriées par l’Eglise catholique en France, des fidèles s’y retrouvent néanmoins. C’est le cas de Louis B. 24 ans. Le policier en Région parisienne voit en elle la seule candidate «qui prône vraiment des mesures radicales en matière de sécurité nationale, de lutte contre la délinquance, d’encadrement de l’immigration». Bien qu’il affirme comprendre le discours d’accueil de l’Eglise, il estime que la France «n’a pas les moyens d’accueillir dignement toute la misère du monde» et que «l’on ne peut plus calquer certains messages transcendants de la Bible, valables au temps de Jésus, avec la réalité d’aujourd’hui».
Mais certains catholiques français sont plus préoccupés par les injustices sociales que par les aspects sécuritaires. C’est le cas de ceux qui ont l’intention de voter à l’extrême gauche, notamment pour Jean-Luc Mélenchon. Joël S., 40 ans, autoentrepreneur dans l’Ouest et étudiant en théologie admet qu’il y a beaucoup de points dans le programme du candidat de La France insoumise qui ne lui conviennent pas. Il mentionne en particulier son insistance sur l’avortement et sur la légalisation du suicide assisté. «Mais la défense de la vie passe aujourd’hui par d’autres grandes priorités que sont l’écologie et l’accueil des migrants», estime Joël. Il pense que Jean-Luc Mélenchon est le plus apte à faire changer les choses dans ce domaine.
Aucun candidat pour les catholiques?
Si Armelle P., 24 ans, s’apprête à voter au premier tour pour François Fillon, «ce n’est certainement pas parce qu’il se revendique lui-même comme catholique». Elle retrouve néanmoins dans son programme un certain nombre de propositions qui reflètent les valeurs – notamment familiales – qu’elle porte, et que sa religion l’invite à défendre.
Patrice C., 62 ans, retraité à Amiens, privilégie par conviction quelqu’un qui émane d’un collectif. Il votera pour cette raison en faveur du candidat du Parti socialiste Benoît Hamon. «Je me retrouve dans son positionnement pour réconcilier production et respect de l’environnement», explique l’accompagnateur d’équipes de Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC).
La Croix cite également le témoignage d’une catholique qui a décidé de ne voter pour aucun des douze candidats. Emmanuelle L., 30 ans, salariée dans la communication à Paris, juge qu’aucun ne défend des propositions et des projets qui lui correspondent. «Selon moi, un candidat à la présidence de la République ne doit pas être clivant, en s’adressant à une seule frange de l’électorat, et en opposant la province à Paris, la France à l’Europe… Il doit, au contraire, être un rassembleur», estime-t-elle. (cath.ch/cx/rz)