Le président français Emmanuel Macron (Photo: Wikimedia Common/CC BY 4.0)
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Le président Macron prend la défense des chrétiens d'Orient

Le président de la République, Emmanuel Macron, a assuré que la France continuerait de défendre les chrétiens d’Orient. Dans un discours prononcé le 25 septembre 2017 pour l’inauguration de l’exposition «Chrétiens d’Orient, deux mille ans d’histoire» à l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris, il a promis que «partout où les minorité défendent leur foi, la France est à leur côté».

«Vous êtes la trace vibrante de ce qui résiste à l’imbécillité des hommes», a déclaré Emmanuel Macron, s’adressant aux chrétiens d’Orient présents à l’Institut du monde arabe. Patriarches et prélats des différentes Eglises d’Orient, mais également des personnalités, comme le chanteur d’origine arménienne Charles Aznavour, l’homme d’affaire copte égyptien Naguib Sawiris ou l’ambassadeur d’Arabie saoudite, ont participé à l’inauguration de l’exposition Chrétiens d’Orient, deux mille ans d’histoire.

«Défendre les chrétiens d’Orient, ce n’est pas défendre Bachar Al-Assad»

«Je refuse les raccourcis qui parfois ont voulu, dans cette région, opposer deux camps. On a parfois voulu dire que défendre les chrétiens d’Orient, ce serait accepter toutes les compromissions», a lancé le chef de l’Etat français, cherchant à dépolitiser la défense des chrétiens d’Orient, souvent portée par la droite conservatrice et l’extrême droite françaises, ainsi que par les supporteurs du régime de Damas et de la Russie. «Non. Défendre les chrétiens d’Orient, ce n’est pas défendre Bachar Al-Assad. Défendre les chrétiens d’Orient, c’est être à la hauteur de l’exigence historique qui est la nôtre», a soutenu le président Macron.

«Partout où des minorités défendent leur foi, la France est à leurs côtés […], parce que nous croyons au pluralisme», a souligné Emmanuel Macron, appelant la Syrie à trouver une solution politique et durable qui fasse place à «toutes les minorités». «Je veux dire aux chrétiens d’Orient que la France est à leurs côtés, que notre priorité sera bien la défense de leur histoire», a ajouté le président français, en présence du président du Liban, Michel Aoun, en visite d’Etat en France.

«Les chrétiens sont la clef de voûte de la paix»

«Les chrétiens de Palestine, du Liban, de Jordanie, de Syrie, de l’Irak et de l’Egypte (…) ne sont pas une minorité mais la clef de voûte de la paix», a déclaré à son tour le président libanais, chrétien maronite. »Notre mission est de maintenir à tout prix leur présence dans leurs pays respectifs afin de préserver le respect de la liberté de culte et d’opinion», a ajouté Michel Aoun.

Le président français a évoqué l’actualité, rappelant les persécutions menées par l’organisation Etat islamique (EI) contre les minorités chrétiennes en Syrie et en Irak, mais aussi en Egypte, où les chrétiens coptes sont la cible d’attentats réguliers. Il a élargi son propos à toutes les minorités du Proche-Orient, citant notamment les yézidis, qui ont fait l’objet d’une tentative d’extermination de la part des djihadistes de l’EI et dont une partie de la population, en particulier les femmes, a été réduite en esclavage.

20 millions d’euros promis par Paris

Il a rappelé que c’est à l’initiative de la France qu’une réunion s’était tenue en mars 2015 au Conseil de sécurité des Nations unies, à New York, pour évoquer le sort des minorités religieuses persécutées ces dernières années au Proche-Orient, notamment en Irak et en Egypte. Une première dans l’histoire de l’ONU. Emmanuel Macron a enfin mis en avant le Fonds de soutien aux victimes de violences religieuses, pour lequel Paris a promis 20 millions d’euros pour la période 2015-2018. (cath.ch/gr)


Une communauté meurtrie en Syrie

Dans un premier temps, les chrétiens de Syrie ont été accusés par leurs opposants de soutenir Bachar al Assad pour s’être tenus relativement à l’écart du soulèvement populaire de 2011 contre le régime de Damas. Une accusation balayée en 2016 par Hind Kabawat, négociatrice au sein du Haut comité des négociations de l’opposition syrienne. Dans une tribune au quotidien français La Croix, elle évoquait un «malentendu» et accusait le président syrien d’être «maître dans l’art de manipuler les minorités».

Dans un second temps, Bachar Al-Assad s’est régulièrement présenté comme le défenseur des minorités face à la rébellion majoritairement sunnite et aujourd’hui dominée par les islamistes. Quant à l’Eglise orthodoxe russe, elle n’a pas hésité à bénir l’intervention militaire du Kremlin en Syrie. Mais les opposants au dictateur syrien, notamment chrétiens, voient surtout dans cette posture une manière à gagner les faveurs de l’opinion occidentale.

En six ans de conflit, la communauté chrétienne de Syrie est passée de 1,25 million à environ 500’000 fidèles, selon ADF International, une association basée à Vienne défendant la liberté religieuse.

Le président français Emmanuel Macron
26 septembre 2017 | 14:21
par Grégory Roth
Temps de lecture : env. 3  min.
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