Premier nonce apostolique à Oman
Le pape François a nommé nonce apostolique au Sultanat d’Oman le Français Mgr Nicolas Thévenin, déjà nonce en Égypte, annonce le Saint-Siège, le 22 mai 2023. Le Saint-Siège et le Sultanat avaient annoncé en février dernier l’établissement de relations diplomatiques complètes.
Pour la première fois dans l’histoire de la diplomatie du Saint-Siège, un pape a nommé un nonce apostolique au Sultanat d’Oman, au sud de la Péninsule arabique. Oman, qui a pour religion d’État l’islam et la charia islamique comme base juridique, est devenu en 2023 le 184e État à formaliser ses relations diplomatiques avec le Saint-Siège.
Le 23 février dernier, Rome avait diffusé un communiqué conjoint officialisant l’établissement de relations diplomatiques complètes et annonçant les créations prochaines d’une ambassade du Sultanat d’Oman près le Saint-Siège et d’une nonciature apostolique près le Sultanat d’Oman.
C’est donc à Mgr Nicolas Thévenin, nonce apostolique en Égypte, que revient la charge d’inaugurer ces nouvelles relations. Le diplomate français, qui fêtera ses 65 ans le 5 juin prochain, est l’actuel représentant du pape en Égypte et délégué auprès de la Ligue arabe depuis 2019.
L’un des trois nonces français
Le diplomate, originaire de Saint-Dizier, a été ordonné prêtre en 1989 au sein de la communauté Saint-Martin, avant d’entrer dans les services diplomatiques du Saint-Siège en 1994. Il a alors exercé en tant que secrétaire ou conseiller dans de nombreuses nonciatures – Inde et Népal, République démocratique du Congo, Belgique et Luxembourg, mais aussi Liban, Cuba et Bulgarie. De 2005 à 2009, il a été en poste à la Secrétairerie d’État, à la section pour les relations avec les États.
En 2009, Mgr Thévenin a rejoint la Maison pontificale et s’est vu nommé au sein du collège des sept protonotaires apostoliques participants, expédiant les actes administratifs. Le Français travaillait alors aux côtés du préfet, chargé tout particulièrement de l’organisation des audiences publiques et privées du pape. En janvier 2013, il a été nommé nonce apostolique au Guatemala avant d’être envoyé en Égypte en 2019.
Mgr Thévenin fait partie des trois Français actuellement nonces apostoliques, avec Mgr Christophe Pierre aux États-Unis et Mgr Jean-Marie Speich en Slovénie.
Oman, un pays connu pour son approche libérale de l’islam
Le Sultanat d’Oman est un pays situé au sud-est de la Péninsule arabique, frontalier des Émirats arabes unis, de l’Arabie Saoudite et du Yémen. Il s’étend sur près de 310’000 km2 et compte environ 4,5 millions d’habitants, avec un pourcentage significatif de travailleurs provenant d’autres pays du Moyen-Orient, des Philippines, de l’Inde et du Pakistan.
Le chef de l’État actuel est le sultan Haitham Ben Tariq, 68 ans. Il a succédé le 11 janvier 2020 à son cousin, le sultan Qabus ibn Said, qui avait régné durant près de 50 ans et s’est éteint sans descendance.
Le pays a pris son indépendance du Royaume-Uni en 1971, après avoir été un protectorat britannique durant 80 ans. Oman a connu ensuite un spectaculaire développement économique, notamment en investissant sur l’exploitation des hydrocarbures et sur le tourisme. La Loi fondamentale du Sultanat d’Oman déclare l’islam religion de l’État, et la sharia comme principale source de la législation nationale. Le pays est néanmoins réputé pour son approche relativement libérale, et le droit prévoit la liberté de religion et l’interdiction des discriminations sur une base confessionnelle.
Petite communauté catholique
L’Église catholique locale compte quatre paroisses dans lesquelles 12 prêtres exercent leur ministère. Elle est rattachée au vicariat apostolique d’Arabie du Sud, conduit par Mgr Paolo Martinelli, dont la juridiction s’étend aussi sur le Yémen et les Émirats arabes unis. La note du mois de février précisait que le Saint-Siège espèrait que l’établissement de ces pleines relations diplomatiques permettrait à l’Église catholique à Oman, «à travers des prêtres et des religieuses», de «continuer à contribuer au bien-être social du Sultanat».
Selon les statistiques de la CIA en 2020, la communauté catholique locale compte près de 140’000 membres. Près de 86% de la population omanaise est musulmane, avec 45% de membres de la branche ibadite de l’islam – présente presque exclusivement dans ce royaume –, 35% de sunnites et 5% de chiites. Le sultanat comporte aussi une petite communauté évangélique (1%) ainsi qu’une importante communauté hindoue (5%), et une communauté bouddhiste (1%).
Une position médiane dans les conflits régionaux
Ce projet d’établir des relations diplomatiques avait été annoncé le 4 novembre 2022, au lendemain d’un échange téléphonique entre le ministre omanais des Affaires étrangères Sayyid Badr Hamad Al Busaidi et Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États de la secrétairerie d’État.
Le Saint-Siège et Oman s’étaient rapprochés en septembre 2017 lors de la libération du Père Tom Uzhunnalil, un salésien indien enlevé en mars 2016 au Yémen. Permise grâce à l’aide apportée par le Sultanat d’Oman, l’opération avait été saluée par le Saint-Siège. Avec le gouvernement indien, le Vatican tentait depuis 18 mois de libérer le prêtre, enlevé lors d’une attaque meurtrière à Aden contre un dispensaire tenu par des Missionnaires de la Charité.
Oman, par sa position médiane entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, est devenu un lieu stratégique de contacts diplomatiques concernant la guerre du Yémen, mais aussi au sujet de la guerre en Syrie. (cath.ch/imedia/hl/cv/rz)
Extension du réseau diplomatique du Saint-Siège
Le Saint-Siège entretient des relations diplomatiques avec 184 États, contre 84 en 1978 et 25 en 1950. Le Sultanat d’Oman est donc exactement le 100e État à établir des relations diplomatiques avec le Saint-Siège depuis l’élection de Jean Paul II en 1978.
Les pays qui n’ont pas de relations diplomatiques avec le Saint-Siège à l’heure actuelle sont l’Arabie saoudite, le Bhoutan, le Brunei, la République populaire de Chine, les Comores, la Corée du Nord, le Laos, les Maldives, la Somalie, Tuvalu et le Vietnam. Au Brunei, aux Comores, au Laos et en Somalie, le Saint-Siège dispose cependant de délégués apostoliques, et au Vietnam, d’un «représentant pontifical».
Certains de ces pays ont par ailleurs des contacts avec le Vatican sous différentes formes, notamment pour les nominations d’évêques en Chine depuis l’accord controversé de septembre 2018, ou, dans le cas de l’Arabie saoudite, par le biais du dialogue interreligieux.
En 2018, la visite à Riyad du cardinal Jean-Louis Tauran, alors président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, fut considérée comme une percée diplomatique majeure et une preuve de l’attention portée par le Vatican au développement de la liberté religieuse dans le Golfe arabo-persique.
En mars dernier, l’archevêque de Vienne, le cardinal Schönborn, a effectué une visite en Arabie saoudite, à l’invitation de la Ligue islamique mondiale. CV/HL