Pour les évêques, un simple «mécanisme institutionnel»

Paraguay: Vives réactions en Amérique latine après la destitution du président Lugo

Asunción, 25 juin 2012 (Apic) Accusé par le Parlement paraguayen d’avoir «mal rempli ses fonctions», le président Fernando Lugo – ancien évêque catholique du diocèse de San Pedro – a été renversé par un «coup d’Etat», accusent les gouvernements progressistes d’Amérique latine. Au lendemain de la destitution du président par le Congrès à Asunción, après un procès politique qui n’a duré que quelques heures, le président vénézuelien Hugo Chavez a annoncé qu’il allait suspendre ses livraisons de pétrole au Paraguay.

Le chef de l’Etat vénézuelien a déclaré ne pas accepter de «soutenir un coup d’Etat», à l’instar des gouvernements de Bolivie, d’Equateur, du Salvador et du Nicaragua. Jeudi 21 juin, la Conférence épiscopale du Paraguay (CEP) avait recommandé au président du pays, l’ancien évêque Fernando Lugo, au pouvoir depuis 2002, de se démettre «pour éviter une vague de violence», après que le Congrès, aux mains de l’opposition, avait autorisé le lancement d’un «procès politique».

Massacre de paysans sans terre

Cette mesure exceptionnelle a été décidée après de sanglants affrontements entre policiers et paysans sans terre qui occupaient une propriété à Curuguaty, à 250 kilomètres de la capitale Asunción.

Les heurts sur la finca Morumbi, propriété du sénateur Blas Riquelme, du Parti Colorado, ont causé la mort de 17 personnes – 6 policiers et 11 paysans – et fait des dizaines de blessés graves. Les députés et les sénateurs ont fait porter la responsabilité de ce massacre au président Lugo, surnommé «l’évêque des pauvres».

Appel au calme des évêques paraguayens

Les évêques paraguayens ont lancé un appel aux «représentants des pouvoirs de l’Etat et de la citoyenneté en général» pour les exhorter à «la pacification et à la sauvegarde de la vie humaine comme valeur suprême». La Conférence épiscopale estime que la décision du Congrès National de lancer un jugement politique contre le président de la République Don Fernando Lugo «met en marche un mécanisme institutionnel qui doit se dérouler dans le cadre de la normalité et du respect sans restriction de la Constitution et des Droits Humains».

Dans leur appel à éviter les affrontements et la violence, les prélats exhortent à la prudence politique, demandant d’évaluer sereinement les conséquences juridiques, politiques et sociales qui vont résulter de ce procès politique. Membre de la coalition de centre-gauche «Alliance patriotique pour le changement», Fernando Lugo, âgé de 61 ans, a été élu président de la République le 20 avril 2008, avec 40,8 % des voix contre 30,8 % des voix à sa principale rivale, Blanca Ovelar, du Parti Colorado.

Pour le moment, le nouveau président paraguayen Federico Franco n’a été reconnu par aucun pays dans le monde. L’Argentine a annoncé la suspension du Paraguay de sa participation au prochain sommet du Mercosur. Le Paraguay s’est vu retirer, de façon immédiate, le droit de participer à la 43e réunion du Conseil du marché commun et au Sommet des présidents, qui se tient jeudi 28 juin et vendredi 29 juin à Mendoza, en Argentine. Sept pays latino-américains ont déjà rappelé leur ambassadeur du Paraguay, à savoir l’Argentine, le Brésil, la Colombie, l’Uruguay, le Pérou, l’Equateur et le Mexique. (apic/com/be)

25 juin 2012 | 12:43
par webmaster@kath.ch
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