Pour le pape François, l'intelligence artificielle doit être encadrée
«Il n’est pas acceptable que la décision sur la vie et le destin d’un être humain soit confiée à un algorithme», a martelé le pape François en recevant, le mardi 10 janvier 2023 les participants à l’Appel de Rome pour une éthique de l’intelligence artificielle.
Sous l’égide de Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie pontificale pour la vie et de la fondation RenAIssance, des responsables politiques, économiques et religieux ont signé un texte appelant notamment à la transparence et à l’inclusion dans l’usage de ces outils technologiques.
Situant cette initiative dans la filiation de son encyclique Fratelli Tutti, le pape François a souligné que la «concorde» des grandes religions dans «la promotion d’une culture qui met cette technologie au service du bien commun de tous et du soin de la maison commune est un exemple pour beaucoup d’autres». Il a rappelé que le développement technologique doit se mettre «au service de la justice et de la paix partout dans le monde».
Dans un contexte de présence croissante de l’intelligence artificielle tant dans la vie personnelle que sociale, le pape a appelé à ce que «l’algoréthique, c’est-à-dire la réflexion éthique sur l’usage des algorithmes, soit toujours plus présente, outre dans le débat public, aussi dans le développement des solutions techniques».
Il s’est inquiété de «l’usage discriminatoire de ces instruments aux dépens des plus fragiles et des exclus», pointant notamment la question du traitement administratif des demandes d’asile.
L’appel de Rome constitue donc, selon le pontife argentin, «un instrument utile pour un dialogue commun entre tous, afin de favoriser un développement humain des nouvelles technologies». Le pape François a expliqué que les adhésions à cet appel de Rome représentent un «pas significatif pour promouvoir une anthropologie numérique, avec trois coordonnées fondamentales: l’éthique, l’éducation et le droit».
Actualisation d’une démarche initiée en 2020
Le 28 février 2020, peu avant le premier confinement provoqué par la pandémie de Covid-19, le Vatican avait accueilli les premiers signataires de l’Appel de Rome pour une éthique de l’intelligence artificielle, un document développé par l’Académie pontificale pour la vie prônant le développement de technologies plus transparentes, inclusives, socialement bénéfiques et responsables. Le pape François avait soutenu publiquement l’initiative. Parmi les premiers signataires se trouvaient les entreprises Microsoft et IBM ou encore l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
«D’ici 2050, le monde devra nourrir 10 milliards de personnes», avait mis en avant le président de la FAO Qu Dongyu. «Tous les peuples ont le droit de bénéficier d’une agriculture biologique éthique et de récolter le dividende numérique», avait-il insisté.
L’appel de Rome pour une éthique de l’intelligence artificielle souligne que «les systèmes d’intelligence artificielle doivent être conçus, élaborés et mis en œuvre pour servir et protéger les êtres humains et l’environnement dans lequel ils vivent».
Cette année, le judaïsme et l’islam ont été impliqués, avec les présences d’Eliezer Simha Weisz, responsable des relations interreligieuses au sein du Grand Rabbinat d’Israël, et du cheikh Abdallah bin Bayyah, venu des Émirats arabes unis, qui dirige le Forum d’Abou Dhabi pour la paix. Une rencontre sera par ailleurs organisée en juillet 2023 au Japon, afin d’associer des représentants des religions asiatiques et orientales à cet appel. (cath.ch/imedia/cv/mp)