Pour les juifs de Suisse, le dialogue interreligieux est indispensable
Bâle, 14 mai 2015 (Apic) Le dialogue interreligieux est exigeant mais indispensable, a souligné le 14 mai 2015 la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI). L’Assemblée des délégués de la FSCI, qui s’est conclue aujourd’hui à Bâle, était consacrée avant tout au thème du dialogue. Quand les temps sont difficiles, le dialogue est plus important que jamais, ont-ils répété.
Les attaques perpétrées contre des juifs en Europe ont alarmé les juifs de Suisse, a relevé Herbert Winter, président de la FSCI. La Fédération exige des représentants politiques et des autorités un renforcement des dispositifs de sécurité. Mais simultanément Herbert Winter a prôné un dialogue d’égal à égal pour lutter efficacement contre le sentiment d’insécurité. La FSCI mise non seulement sur les rencontres avec les représentants politiques, mais aussi sur le dialogue interreligieux – que ce soit au niveau institutionnel ou personnel.
Le dialogue interreligieux «n’a rien d’une balade dominicale»
«Je constate avec beaucoup de satisfaction que les autres communautés religieuses nous considèrent aujourd’hui comme des acteurs égaux en droits et importants au sein de la société suisse», a souligné Herbert Winter. Pourtant, le dialogue interreligieux n’a rien d’une «balade dominicale». «Nous savons bien quels sont les points critiques que nous devons soulever lors de nos discussions avec les musulmans». Le fait que les islamistes radicaux aient des sympathisants en Suisse est préoccupant, a affirmé le président de la FSCI. «Avec eux, le dialogue est impossible. Avec la majorité des musulmans en revanche, qui récusent l’idéologie de l’islamisme radical, il n’en devient que plus important et plus précieux».
Herbert Winter a aussi mentionné «des points critiques» qui ont surgi lors des échanges avec les chrétiens. «Toutefois, ces divergences n’ont rien d’alarmant, elles reflètent des sensibilités différentes, telles qu’elles peuvent apparaître entre partenaires. Elles peuvent générer des dissonances que nous discutons dans le respect mutuel». Contrairement au passé, les rapports entre judaïsme et christianisme ne sont plus grevés par l’antijudaïsme, mais empreintes de confiance et de respect mutuel, a souligné le responsable israélite.
Des attitudes de plus en plus sceptiques face aux religions
Juifs, chrétiens et musulmans, a estimé Herbert Winter, sont souvent confrontés aujourd’hui aux mêmes problèmes, comme par exemple un scepticisme grandissant au sein de la société face aux religions en tant que telles.
Le dialogue fut au cœur de l’Assemblée des délégués, notamment lors de la table ronde qui a réuni, autour du modérateur Gabriel Strenger, le cardinal suisse Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens et président de la Commission du Saint-Siège pour les relations avec le judaïsme, et le rabbin David Rosen, président d’honneur du Conseil international des chrétiens et des juifs. La discussion a porté sur la Déclaration Nostra Ætate, sur les progrès qu’elle a apportés et sur la signification qu’elle a aujourd’hui et pour l’avenir. Il y a cinquante ans, la ‘Déclaration sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes’, rédigée dans le cadre du Concile Vatican II, a ouvert la voie d’un dialogue institutionnalisé entre le judaïsme et l’Eglise catholique. (apic/com/rz)