Illustration du livre "Trop riches, trop pauvres", de la Cotmec
Suisse

Pour la Cotmec, «le scandale de la pauvreté n'est pas une fatalité»

Genève, 2 juin 2015 (Apic) «Le scandale de la pauvreté n’est pas une fatalité». C’est l’idée développée par la Commission tiers-monde de l’Eglise catholique (Cotmec), à Genève, dans son nouveau livre «trop riches, trop pauvres». Le lancement officiel de la publication de 206 pages a lieu le 2 juin 2015, à Genève. L’ouvrage didactique présente, sous une forme rapide mais très documentée, «l’ensemble des éléments qui menacent notre humanité et la mène vers un état de pauvreté subie».

Le livre, comprenant 60 «fiches», fait le tour de la question à travers huit thèmes: alimentation, travail, logement et mobilité, santé et éducation, économie, finance, inégalités, environnement. Le livre explore les réalités de la pauvreté à la fois en Suisse et dans les pays du Sud. Dans un premier temps, il en présente les causes, telles que: épuisement des ressources naturelles, mainmise de la finance, accaparement des terres arables, etc. Les auteurs précisent qu’il faut y ajouter de nouveaux facteurs aggravants, tels que le réchauffement climatique.

D’une manière générale, le livre pose un regard très critique sur le système capitaliste. «Il a pour principales caractéristiques le marché comme mode privilégié de régulation des échanges, la propriété privée des biens et des moyens de production, le salariat comme relation de travail principale, le profit et une confiance absolue dans le progrès technique», note l’ouvrage.

Riches et pollueurs

La Cotmec rappelle par exemple que le 1% des habitants les plus riches de la planète possèdent 50% des richesses du monde. Alors que le travail devient de plus en plus précaire, la part des bénéfices des grandes sociétés cotées en bourses reversée aux actionnaires est passée de 30% en 1980 à 85% en 2012. «Dans ces circonstances, l’accroissement de la précarité ne devrait étonner personne. Tous les garde-fous qui avaient été patiemment (et de haute lutte!) mis en place pour protéger les populations les plus fragiles sont tombés et ont fait exploser les inégalités sociales», explique dans l’introduction Gilbert Rist, coauteur et ancien professeur à l’Institut universitaire d’études du développement (IUED), à Genève.

«Il nous faudrait une planète et demie pour répondre au niveau de consommation actuel», rappelle Sophie de Rivaz, politologue et coordinatrice de la publication. Les pays riches sont responsables d’environ 70% des émissions de CO2 accumulées depuis le début de la révolution industrielle.

D’autres voies sont possibles

Dans un deuxième temps, la Cotmec présente des solutions potentielles «pour espérer échapper au scénario du pire: pas celui de la pauvreté actuelle, mais celui de la misère à venir». D’une façon originale, le livre note, pour chacun des constats décourageants qu’il présente, des options alternatives. La fiche consacrée au «mal-logement» dans les pays du Nord renvoie, par exemple, au site internet des Villes en transition en France (www.transitionfrance.fr) et à l’Association habitat et humanisme. La thématique de l’exploitation du travail domestique est également reliée à la campagne suisse «aucun-e employé-e de maison n’est illégal-e».

A la fin de l’ouvrage, plusieurs coauteurs et invités donnent leurs propres visions de ce qui pourrait mener l’humanité dans une meilleure voie. Wilma Jung, de la librairie Nueva Utopia à Fribourg, met notamment en exergue le concept du ‘buen vivir’ (bien vivre), qui existe en particulier chez les peuples autochtones d’Amérique. Ce système met en avant l’importance des relations humaines, la communion avec la nature et l’amélioration de la qualité de vie plutôt que la consommation à outrance. Sophie de Rivaz suggère de nouvelles mesures de régulation du capitalisme et de limitation de la sphère marchande: partage du temps de travail, taxation des transactions financières et des émissions polluantes, investissement des capitaux des fonds de retraites du 2e pilier dans l’économie solidaire et écologique plutôt que sur les marchés financiers.

Ainsi, la pauvreté a des causes – certes multiples – mais sur lesquelles chacun peut agir, à son modeste niveau, assure la Cotmec. (apic/courr/com/rz)

Référence: «Trop riches, trop pauvres». Auteurs-direction:Hélène Bourban, Sophie de Rivaz, Martyna Olivet-Michel Bavarel, Edouard Dommen, Claude Fol, Gilbert Rist. Editions d’en bas-Association Cotmec.

Illustration du livre «Trop riches, trop pauvres», de la Cotmec
2 juin 2015 | 14:20
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 3  min.
Cotmec (5), Livre (108), Pauvreté (215)
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