La dernière voyante de Fatima est décédée le 13 février
Portugal: La béatification de soeur Lucie n’est pas à l’ordre du jour dans l’immédiat
Rome, 14 février 2005 (Apic) Soeur Lucie, dernier témoin des apparitions de la Vierge à Fatima, au Portugal, est décédée le 13 février 2005 à l’âge de 97 ans, dans le monastère où elle était retirée depuis 85 ans. Sa béatification ne pourra pas avoir lieu au moins avant cinq ans, a expliqué à I’Apic le cardinal José Saraiva Martins, préfet de la Congrégation pour les causes des saints.
C’est Soeur Lucie qui avait rendu publics les trois ’secrets’ de Fatima, dont le troisième concernerait directement le Souverain pontife. Elle était la dernière survivante des trois petits bergers qui avait assisté à des apparitions de la Vierge Marie à Fatima, au centre du Portugal. C’était peut-être la plus importante, en tous les cas la plus connue des voyantes du 20e siècle. Elle vivait retirée au Carmel Ste- Thérèse de Coimbra.
Lucie Dos Santos est née le 22 mars 1907 dans un lieu dit de Fatima appelé Aljustrel. A l’âge de dix ans, du 13 mai au 13 octobre 1917, accompagnée de ses cousins Jacinta et Francisco Marto, âgés eux de 7 et 9 ans, elle aurait assisté à six apparitions de la Vierge.
Après les apparitions, et d’autres visions personnelles de la Vierge en 1923 et 1929, Lucie est rentrée à 18 ans chez les soeurs Dorothée à Tuy, en Espagne. Elle a ensuite rejoint les carmélites, en 1948, où elle vivait à l’abri du monde. Le 13 mai 2000, elle avait assisté à Fatima à la béatification par Jean Paul II des petits bergers Jacinta et Francisco, morts respectivement en 1919 et 1920.
«La sainteté est une chose strictement personnelle»
A la question de savoir si, comme ses deux parents, Lucie sera prochainement béatifiée, le cardinal José Saraiva Martins, préfet de la Congrégation pour la cause des saints, interrogé par I’Apic, a affirmé que «la sainteté est une chose strictement personnelle».
Pour le cardinal portugais, «le fait qu’ils aient vu tous les trois la Sainte Vierge n’a rien à voir avec la sainteté de chacun». Il a écarté une prochaine béatification de soeur Lucie, expliquant que les normes juridiques actuellement en vigueur prescrivent qu’il faut attendre cinq ans après la mort de l’intéressé pour lancer la procédure de béatification. «Après on verra ce que Dieu veut», a ajouté le prélat.
Le premier pape à rencontrer la carmélite a été Paul VI (1963-1978) à Fatima le 13 mai 1967. Jean Paul II l’a quant à lui rencontrée à trois reprises. Une première fois en 1982, en se rendant à Fatima pour remercier la Vierge de l’avoir sauvé de l’attentat du 13 mai 1981; une seconde fois place Saint-Pierre, en 1991, pour le dixième anniversaire de cet attentat et, enfin, en 2000 pour la béatification de Jacinta et Francisco lors d’un deuxième voyage à Fatima.
Soeur Lucie a consigné les apparitions et les paroles de la Vierge de Fatima dans quatre mémoire successifs: un premier en 1935 (sur la vie et les vertus de la cousine Jacinthe), un second en 1937 (histoire de sa propre vie et des apparitions, un troisième en août 1941 (aspects particuliers de la vie de Jacinthe) et un dernier en décembre de la même année (des précisions sur les apparitions de 1917).
Dans ces textes, la religieuse fait état des trois secrets que la Vierge aurait confiés aux trois enfants au cours de ses six apparitions. Les deux premiers, révélés en 1917 et publiés en 1937, évoquaient la fin de la Première Guerre mondiale, en annonçaient une seconde, ainsi que l’avènement de la Russie communiste.
Le troisième secret avait été rédigé par soeur Lucie en janvier 1944 puis consigné à l’évêque de Leiria, au Portugal, afin qu’il le transmette à Rome. La religieuse avait stipulé qu’il ne pouvait être révélé qu’à partir de 1960, sur décision du pape.
Attentat du 13 mai 1981: la protection de la Vierge de Fatima
Jean Paul II se fit porter le document conservé dans les archives de la Congrégation pour la doctrine de la foi alors qu’il était hospitalisé à la polyclinique romaine Gemelli suite à l’attentat du 13 mai 1981. Attentat qui failli lui coûter la vie et dont il a toujours attribué la fin heureuse à la protection de la Vierge de Fatima. C’est à l’occasion de son voyage à Fatima, en 1982, pour la remercier qu’il a fait sertir dans la couronne de la statue du sanctuaire la balle qui l’avait touché.
Le texte de ce troisième secret parlait d’un «évêque vêtu de blanc» marchant péniblement vers la Croix parmi les cadavres de personnes martyrisées et tombant sous les balles de soldats. Après en avoir pris connaissance, Jean Paul II lui-même se serait reconnu dans cette évocation. Il décida de ne pas publier le document, sur les recommandations du cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
C’est le 23 mai 2000, après son deuxième voyage à Fatima, que le Souverain pontife jugea venu le temps de la publication du texte. Le secret fut lu en direct et en mondovision le 26 juin de la même année accompagné d’une longue note d’interprétation de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Les funérailles de la religieuse portugaise seront célébrées le 15 février à Coimbra, en présence du cardinal Tarcisio Bertone, archevêque de Gênes, en qualité d’envoyé spécial de Jean Paul II. (apic/imedia/be)