Porochenko milite pour une Eglise orthodoxe ukrainienne indépendante de Moscou

Le président ukrainien Piotr Porochenko souhaite la création en Ukraine d’une Eglise orthodoxe locale qui ne dépende pas administrativement d’Etats étrangers. Il vise par-là l’Eglise orthodoxe ukrainienne affiliée au Patriarcat de Moscou, qui regroupe la majorité des paroisses orthodoxes en Ukraine.

Samedi 23 avril 2016, le chef de l’Etat ukrainien a plaidé pour l’unification des Eglises orthodoxes lors d’une réunion avec les représentants du Conseil pan-ukrainien des Eglises et organisations religieuses (AUCCRO), dont sont membres la quasi-totalité des traditions ecclésiales représentées en Ukraine ainsi que les communautés juive et musulmane.

Renforcer l’unité de l’orthodoxie ukrainienne

Bien qu’il se déclare «radicalement opposé à une interférence gouvernementale dans les relations entre les Eglises», Porochenko veut renforcer par ce biais l’unité de l’orthodoxie ukrainienne. Cette unité est «directement liée à l’unité de la société ukrainienne», estime le député Victor Yelenskyy, rejoint par d’autres collègues, comme Svitlana Voitsekhovska et Pavlo Kyshkar. Ce député propose un amendement législatif pour favoriser le changement d’affiliation des paroisses orthodoxes.

Porochenko a fait référence à des enquêtes d’opinion montrant qu’un nombre croissant de citoyens orthodoxes de l’Ukraine veulent avoir, «comme c’est la coutume dans la plupart des pays orthodoxes», une seule Eglise locale autocéphale. L’Eglise orthodoxe ukrainienne affiliée au Patriarcat de Moscou est la seule à être reconnue canoniquement par les autres Eglises orthodoxes dans le monde. Les milieux nationalistes ukrainiens sont très hostiles à l’égard de cette Eglise qualifiée de «pro-russe» et anti-ukrainienne.

Le président ukrainien montre du doigt les «ennemis de l’intérieur»

Le président ukrainien laisse entendre que dans le contexte ukrainien, alors que le pays affronte une agression armée d’un pays voisin, «nos ennemis tentent d’utiliser le facteur religieux dans leur intérêt». «Notre unité est l’arme spirituelle principale de notre victoire», a-t-il déclaré, dénonçant les «attaques qui visent avant tout à diviser notre Etat de l’intérieur».

Depuis plusieurs années, sur fond de surenchère nationaliste, diverses Eglises orthodoxes se font concurrence. La lutte pour la prise de contrôle des églises appartenant à l’Eglise orthodoxe ukrainienne (EOU-PM), rattachée canoniquement au Patriarcat de Moscou, se poursuit sous haute tension.

Une Eglise non canonique

De nombreux lieux de culte de l’EOU-PM sont occupés pour le compte de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine-Patriarcat de Kiev (EOU-PK). Il s’agit pour cette dernière d’une Eglise orthodoxe dissidente non canonique née en 1992, après l’indépendance de l’Ukraine, d’un schisme de l’Eglise orthodoxe du Patriarcat de Moscou en Ukraine.

Bénéficiant de l’appui des autorités actuelles de Kiev, considérée comme «schismatique» par l’orthodoxie au niveau mondial, l’EOU-PK est la deuxième Eglise en importance avec ses 5’000 paroisses, après l’EOU-PM, qui compte 12’000 paroisses dans le pays. (cath.ch-apic/interfax/risu/be)

Réunion du Conseil pan-ukrainien des Eglises avec le président Porochenko (Photo risu.org.ua)
26 avril 2016 | 13:47
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 2  min.
Eglise orthodoxe (44), Moscou (106), Porochenko (8), Ukraine (665)
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