Pologne: l'Eglise refuse d’ouvrir ses dossiers sur les abus sexuels
La Commission nationale polonaise chargée d’enquêter sur les abus sexuels sur mineurs n’a pour l’instant pas accès aux dossiers des procédures ecclésiastiques contre les prêtres accusés. Selon la Conférence épiscopale, le gouvernement polonais doit demander au Vatican une entraide judiciaire internationale.
La Conférence épiscopale polonaise a souligné, le 17 janvier 2022, à Varsovie, que la Congrégation pour la doctrine de la foi du Vatican était compétente pour les cas d’abus au sein de l’Eglise catholique. Les diocèses et les congrégation religieuses mènent des procès pénaux par délégation, pour le compte de l’autorité vaticane. Par conséquent, le gouvernement devrait demander au Vatican une assistance judiciaire internationale afin de pouvoir obtenir des documents relatifs à des procédures canoniques concrètes qui sont sous la juridiction du Saint-Siège, rapporte l’agence catholique allemande KNA.
Affaire entre la Pologne et le Saint-Siège
«Il ne s’agit pas d’une relation entre une commission d’État et l’Église en Pologne mais d’une relation entre le gouvernement polonais et les autorités du Saint-Siège», a expliqué Piotr Studnicki, chef de bureau du délégué à la protection de l’enfance de la Conférence épiscopale. Le primat de Pologne, l’archevêque Wojciec Polak, responsable de la protection des enfants et des jeunes au sein de l’Eglise, en aurait informé le chef de la Commission d’enquête de l’État, Blazej Kmieciak, par lettre la semaine dernière.
Pas d’accès aux dossiers de l’Eglise
Jusqu’à présent, la Commission nationale s’est efforcée en vain d’obtenir l’accès aux dossiers de l’Eglise. En septembre 2021, le président de la commission, B. Kmieciak, a également proposé à la Conférence épiscopale un groupe d’enquête commun pour analyser les dossiers.
Depuis l’automne 2020, la Commission nationale recense les cas d’abus sur des enfants de moins de 15 ans dans les domaines de l’éducation, de la culture, des loisirs et du sport ainsi que des communautés religieuses.
La prévention de l’Église, une source d’inspiration pour l’État
La Conférence des évêques réaffirme néanmoins vouloir collaborer avec la Commission aussi bien dans la recherche statistique que dans la protection des enfants et des jeunes contre les abus sexuels, a déclaré Piotr Studnicki. Selon lui, le travail de prévention des écoles catholiques et des centres pour personnes handicapées pourrait servir d’inspiration pour des projets similaires dans les établissements d’enseignement et d’accueil publics.
Fausse image de l’ampleur des abus commis dans l’Eglise
L’Église avait critiqué le premier rapport intermédiaire sur les abus publié par la Commission d’enquête en juillet 2021. P. Studnicki, avait alors reproché à la Commission de donner une fausse image de l’ampleur des violences sexuelles commises par des prêtres et d’accuser à tort l’Eglise de ne pas être prête à coopérer. Dans son rapport, la Commission avait indiqué qu’environ 30% des cas d’abus qui lui avaient été signalés concernaient des membres du clergé.
La Conférence épiscopale s’est référée aux résultats de recherches selon lesquelles les ecclésiastiques seraient en fait responsables d’environ 1% des délits d’abus sexuel sur mineurs. Selon sa propre évaluation des dossiers judiciaires des procès pénaux de la mi-2017 à la fin 2020, seuls 2 prêtres figuraient parmi les 265 auteurs condamnés définitivement. (cath.ch/kna/mp)