L'aide au développement contribue à la prévention des crises. Bidonville en Inde | © Alliance Sud/ Paul Smith/ Panos
Suisse

Plus d'armes, moins d'aide internationale: Alliance Sud dit «non»

La décision prise par le Conseil des États d’augmenter de quatre milliards de francs le plafond de dépenses de l’armée suisse pour 2025 à 2028, et de retirer pour ce faire deux milliards de francs à la coopération au développement, sera fatale à des projets d’aide en cours et mettra en péril la sécurité de la Suisse, déclare Alliance Suisse dans un communiqué du 4 juin 2024.

Le Conseil des États a voté la veille en faveur d’une augmentation du plafond de dépenses de l’armée suisse pour 2025 à 2028, qui serait ainsi fixé à 29,8 milliards. Le Conseil national doit encore se prononcer. Mais où trouver l’argent en cas d’approbation de celui-ci?

La coopération au développement pourrait bien faire les frais de cette décision. Comme l’a défendu le PLR glaronnais Benjamin Mühlemann, il serait possible en effet de compenser les quatre milliards de francs supplémentaires en coupant à hauteur de 50% dans la coopération au développement, 35% dans les charges du personnel du Département de la défense (DDPS) et 15% dans les charges du Groupement défense et d’armasuisse.

La sécurité internationale passe par le développement

Une décision aberrante et indécente pour la gauche, ainsi que pour Alliance Sud, le centre de compétence pour la coopération internationale et la politique de développement. L’organisation rappelle que près de 300 millions de personnes dans le monde, selon l’ONU, dépendront en 2024 de l’aide humanitaire. Touchées par des guerres, des catastrophes naturelles ou la faim, elles ont un urgent besoin de nourriture, d’eau potable, de soins médicaux, d’accès à l’éducation ou de protection.

La coopération au développement «apporte une contribution majeure pour que les gens puissent échapper durablement à la pauvreté», plaide Alliance Sud. Ce faisant, elle contribue à longue échéance à la sécurité de la Suisse. Or les économies prévues par le Conseil des États en faveur de l’armée, ainsi que les contributions pour l’Ukraine, entraîneraient des coupes équivalentes à un tiers du budget de la coopération au développement. «Cela stopperait des projets en cours et couronnés de succès et détruirait des structures mises en place depuis des décennies pour atteindre les personnes qui ont le plus besoin d’aide» argumente Alliance Sud.

«La Chambre de destruction doit être ramenée à la raison»

«La prévention des conflits à long terme ne doit pas être reléguée au second plan en raison du réarmement consécutif à l’invasion russe de l’Ukraine.» Pour Andreas Missbach, son directeur, «les politiciens fauteurs d’insécurité du Conseil des États s’accommodent d’une instabilité supplémentaire qui pousse les gens à la fuite. Ils ne se soucient pas non plus du fait que la Suisse se rendrait encore plus attaquable sur la scène internationale avec une telle décision. La Chambre de destruction doit être ramenée à la raison par le Conseil national.»

Alliance Sud souligne encore que la coopération au développement a déjà été amaigrie par des coupes budgétaires et par le financement de l’aide à l’Ukraine. De nouvelle coupes ne lui permettrait plus de remplir son mandat constitutionnel. Les 500 millions de francs par an qui seraient supprimés représentent nettement plus de fonds que le soutien total de la Suisse à l’Afrique.

Sa conclusion est sans appel. «Notre pays devrait abandonner les populations de pays entiers. Il faudrait qu’il retire son soutien à des organisations multilatérales comme le Programme alimentaire mondial, qui sauve des gens de la famine, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ou la Banque africaine de développement. Les conséquences seraient désastreuses pour la réputation internationale de la Suisse, déjà critiquée pour son manque d’engagement.» (cath.ch/com./lb)

L'aide au développement contribue à la prévention des crises. Bidonville en Inde | © Alliance Sud/ Paul Smith/ Panos
4 juin 2024 | 14:20
par Lucienne Bittar
Temps de lecture : env. 2  min.
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