Pizzaballa au camp de Jénine: Nécessité d’«une paix juste pour tous»
Le Patriarche latin de Jérusalem Pierbattista Pizzaballa, visitant le camp de réfugiés palestiniens dévasté de Jénine, au lendemain de la sanglante attaque israélienne des 3 et 4 juillet 2023, a répété son refus de la violence et la nécessité «d’une paix juste pour tous».
«En tant qu’Eglise, nous n’avons pas d’armée, nous n’avons pas d’armes, nous ne croyons pas en la violence. Nous sommes contre toute forme de violence, mais nous sommes ici pour exprimer notre solidarité avec la dignité et la liberté des Palestiniens», a-t-il lancé.
L’opération militaire israélienne a causé d’énormes dégâts aux infrastructures et aux bâtiments de la ville. Le bâtiment de l’église latine de Jénine, l’église du Saint Rédempteur, a ainsi subi d’importants dégâts. Mais surtout douze Palestiniens et un soldat israélien ont trouvé la mort, une centaine ont été blessés, et 500 familles ont été déplacées de ce camp qui abrite 18’000 personnes sur moins d’un kilomètre carré.
Tout a nord de la Cisjordanie occupée par Israël en violation du droit international, Jénine, l’un des bastions de la contestation armée palestinienne subit depuis des décennies les représailles israéliennes. Le camp de réfugiés abrite notamment le Hamas, le Jihad islamique palestinien, les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa et d’autres groupes considérés comme terroristes par Tel Aviv.
L’Église catholique est «aux côtés de ses enfants»
«Je vois des gens qui souffrent, mais qui n’abandonnent pas et ne permettent à personne de détruire leur dignité», a-t-il déclaré Mgr Pierbattista Pizzaballa lundi 10 juillet 2023 lors de sa visite au camp de réfugiés. Le Patriarche latin, accompagné par Mgr William Shomali, vicaire général du Patriarcat latin de Jérusalem, et par Mgr Jamal Daibes, vicaire patriarcal pour la Jordanie, ainsi que par plusieurs prêtres, ont visité le bâtiment de l’église du Saint Rédempteur afin de déterminer l’ampleur des dommages. Ils ont ensuite rencontré le Père Labib Deibs, curé de la paroisse de Jénine, ainsi que certains des paroissiens.
Le patriarche latin de Jérusalem Pierbattista Pizzaballa en visite de solidarité à Jénine | © PLJ
Sur Vatican News, le Père Deibs a dit espérer que «le peuple palestinien puisse récupérer tous ses droits et vivre en paix sur sa terre». Pas question pour lui de demander l’aumône malgré les aides vitales reçues de l’étranger: ce qu’il veut, ce sont les droits du peuple palestinien afin qu’il puisse vivre et pourvoir à ses besoins tout seul.
Au cours de sa visite dans la ville, Mgr Pizzaballa a rencontré Akram Rajoub, le gouverneur de Jénine, qui lui a fait part de ce que le gouvernorat a subi au cours de l’attaque israélienne et des plans à mettre en œuvre pour faire face aux destructions. Le maire a également exprimé sa gratitude pour la visite du Patriarche, déclarant qu’elle envoie un message d’espoir et d’aspiration à poursuivre la recherche d’un avenir meilleur pour le peuple de ce pays.
La vie et la dignité des Palestiniens doivent être respectées et protégées
Le Patriarche latin a déclaré que la paix ne pourra être atteinte que «lorsque la vie et la dignité des Palestiniens seront respectées et protégées», et que la violence devait urgemment cesser entre toutes les parties. «Je vois un autre visage de la résilience. Je vois des gens qui souffrent, qui vivent les conséquences de l’occupation, mais en même temps je vois des gens qui ne veulent pas partir, qui n’abandonnent pas, qui ne permettent à personne de détruire leur dignité et leur volonté de vivre dans leur patrie», a-t-il répété.
La délégation du Patriarcat a également visité l’hôpital gouvernemental de Jénine, où elle a rencontré son directeur, le Dr Wissam Abu Bakr, et certains des patients blessés au cours de l’attaque israélienne. Au camp de Jénine, la délégation a été accueillie par les anciens du camp. Ceux-ci ont exprimé leur reconnaissance pour la visite du Patriarcat latin, qui témoigne de l’unité du peuple palestinien. Mgr Pizzaballa a conclu sa visite en rencontrant Nidal Obaidi, le maire de Jénine, qui a remercié le Patriarcat pour sa solidarité.
Une paroisse fondée en 1928
Mgr Pizzaballa, qui sera créé cardinal en septembre prochain, a affirmé que l’Église catholique était «aux côtés de ses enfants, en particulier en période de conflit». Il a également insisté sur la nécessité de mettre fin à toutes les formes de violence et de rechercher une solution juste et globale afin d’apporter la paix en Terre Sainte.
La paroisse latine de Jénine a été fondée en 1928, et le bâtiment de l’église actuelle ainsi que la maison du prêtre ont été construits en 1956. Depuis sa fondation, les prêtres de la paroisse de Jénine ont desservi les quelques résidents chrétiens des villages voisins, à savoir Burqin, Barqa, Jalibah, Deir Ghazala et Kafr Koud. La province comprend un monastère latin situé dans le village à majorité chrétienne de Zababdeh, en plus du monastère latin et de l’église du centre-ville, et d’une petite église à Kafr Qoud. Le nombre de familles chrétiennes à Jénine s’élève à environ 35 familles. Selon une statistique réalisée en 2020, le nombre de chrétiens à Jénine est de 155 croyants, et le nombre de fidèles dans les villages voisins s’élève à 120 personnes. (cath.ch/vaticannews/plj/be)