Pie XII voulait déjà se débarrasser de Marcial Maciel

Le pape Pie XII (1939-1958) était au courant de la conduite dépravée et répréhensible de Marcial Maciel Degollado, le fondateur des Légionnaires du Christ. Le prêtre, qui menait une double vie, s’est fait l’auteur des pires abus de tous ordres, spirituels, psychologiques, sexuels et financiers. Il aurait dû être renvoyé de l’état clérical, si la mort de Pie XII n’était pas survenue entre-temps, le 9 octobre 1958.

Cette révélation est issue des archives pontificat de Pie XII ouvertes depuis 2020. Selon l’agence de presse italienne ANSA, Mgr Sergio Pagano, préfet des Archives apostoliques du Vatican, avait le projet de publier toute la documentation d’archives  sur Marcial Maciel, mais en aurait été empêché par le Secrétairerie d’Etat qui jugeait le moment inopportun.

Ce que Mgr Pagano a formellement nié. Rappelant que les archives sont désormais ouvertes aux historiens, il a déploré que des choses «complètement fausses et incohérentes» soient dites. «Il n’y a ni scoop, ni censure, ni réticence», a-t-il souligné. On sait, au moins depuis 2019, que des plaintes concernant Marcial Maciel étaient parvenues au Vatican dès les années 1940.

La mort Pie XII empêche Rome de sévir

Lors d’une conférence en début d’année consacrée à Pie XII, Mgr Pagano a évoqué l’affaire Maciel. Sans le citer nommément il avait relaté qu’il y avait un certain fondateur de religieux, qui faisait l’objet de beaucoup de commérages, qui était très mal vu. A un moment donné, le nonce d’une nation d’Amérique du Sud a dit au pape: «Regardez, ce fondateur fait l’objet de commérages, on parle d’alcool, on parle de drogues qui circulent autour de ses amis».

Pie XII, a poursuivi Mgr Pagano, était sur le point de le réduire à l’état laïc, malheureusement sa mort le 9 octobre 1958, l’en a empêché. Le préfet aurait également indiqué alors que la documentation concernant cette affaire serait prochainement publiée.

L’itinéraire d’un criminel

Né à Cotija, au Mexique en mars 1920 dans une famille chrétienne, Marcial Maciel, après avoir été exclu de plusieurs séminaires et sans avoir achevé ses études canoniques, est parvenu à être ordonné prêtre en 1944 par son oncle Mgr Gonzales Arias, évêque de Curnavaca.

Des plaintes contre Maciel sont parvenues au Vatican dès 1948, mais il faudra attendre 2006 pour que le pape Benoît XVI ordonne à Marcial Maciel de se retirer dans la prière et la pénitence. Son grand âge lui permettant d’échapper à une sanction.

Le fait que le Vatican possède une documentation très détaillée avait déjà été indiqué par le cardinal brésilien Joao Braz de Aviz. Il avait déclaré à «Vida nueva» en 2019 que dès 1943, le Saint-Siège disposait d’accusations de pédérastie à l’encontre de Maciel. Selon le dernier rapport détaillé des Légionnaires eux-mêmes, le Père Marcial Maciel aurait abusé d’au moins 60 mineurs au cours de sa vie, sans parler de ses innombrables autres crimes. (cath.ch/ansa/mp)