Philippines: Vive opposition de l’Eglise catholique à la légalisation du divorce

Manille, 3 avril 2015 (Apic) Les Philippines sont le seul Etat au monde – avec le Vatican – où le divorce n’est pas légalisé. Un projet de loi, discuté prochainement au Parlement, pourrait changer la législation. L’opinion publique y est favorable, malgré l’opposition de l’Eglise catholique.

Depuis le vote d’une loi sur le divorce à Malte en 2011, les Philippines sont le seul Etat – avec le Vatican – où le divorce n’a pas été légalisé. Régulièrement, des tentatives surgissent afin d’introduire dans le Code de la famille une disposition légalisant le divorce, souligne l’agence Eglises d’Asie dans un dossier consacré à la question. Un projet de loi en ce sens a été déposé devant le Parlement en 2014 par un petit parti politique féministe, le Gabriela Women’s Party, qui compte l’inscrire à l’ordre du jour de la session parlementaire qui reprendra après la traditionnelle interruption du Carême.

Dans un long communiqué diffusé le 25 mars 2015, le président de la Conférence des évêques catholiques des Philippines a réaffirmé l’opposition de l’Eglise à la légalisation du divorce. Selon Mgr Socrates Villegas, archevêque de Lingayen-Dagupan et président de la Conférence épiscopale, les dispositions du Code de la famille concernant la séparation de corps et l’annulation d’un mariage suffisent à protéger un époux de son conjoint qui serait «brutal et cruel». «Un mariage qui a échoué n’est pas un argument pour divorcer», affirme Mgr Villegas, qui explique qu’on ne peut changer de conjoint comme on change de voiture. Il ajoute encore que «la société doit pouvoir compter sur le fait que certains engagements sont irrévocables».

60% des Philippins favorables à la légalisation du divorce

Le 23 mars dernier, un sondage publié par la Social Weather Stations, qui jouit d’une réputation de sérieux, indiquait que 60% des Philippins étaient favorables à la légalisation du divorce. Plus exactement, les sondés devaient donner leur avis à la formulation suivante: «Les couples mariés qui se sont séparés et qui ne peuvent plus se réconcilier devraient être autorisés à divorcer de manière à ce qu’ils puissent se remarier légalement.» Sur les 1’800 personnes interrogées, 29% disent leur désaccord, 11% sont indécises et 60% sont d’accord.

Aux Philippines, où le mariage religieux a force de loi, l’écrasante majorité des unions sont célébrées non à la mairie mais dans les lieux de culte, que ce soit à l’église dans ce pays dont 83% de la population sont catholiques, au temple protestant ou devant l’imam pour les musulmans. Le Code civil de 1950 ne reconnaît pas le divorce mais il a connu depuis cette date plusieurs modifications qui font qu’aujourd’hui, la séparation de corps est autorisée, pour des raisons ayant trait, entre autres, à l’infidélité ou à des violences physiques répétées. Sur le plan légal, les conjoints restent toutefois mariés et ne sont pas autorisés à contracter un nouveau mariage. (apic/eda/ra/bb)

3 avril 2015 | 09:27
par Bernard Bovigny
Temps de lecture : env. 2  min.
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