«Petite révolution»: au moins 40 femmes voteront au Synode
Le Secrétariat général du Synode des évêques a annoncé le 26 avril 2023 une nouveauté pour la prochaine assemblée qui aura lieu à Rome du 4 au 29 octobre prochains: en plus des évêques, 80 catholiques non-évêques, dont au moins la moitié de femmes, auront le droit de vote, en tant que membres. Cette ouverture ne change pas la nature du «Synode des évêques», ont assuré les organisateurs. Une source vaticane reconnaît cependant une «petite révolution» et salue un «moment important» du pontificat.
Au total, l’assemblée d’octobre prochain, qui sera la troisième étape du Synode sur l’avenir de l’Église – après une étape diocésaine et une étape continentale – comptera 370 membres. Parmi eux, 80 personnes, représentant 21% de l’assemblée, seront des prêtres, des consacrés, des diacres, ou des fidèles laïcs, hommes et femmes, et ils auront le droit de vote au même titre que les évêques.
Parmi ces membres, 70 seront choisis par le pape François dans une liste de 140 personnes. Celle-ci doit être établie par les sept organismes continentaux qui ont organisé la phase continentale – en Europe, en l’occurrence, le Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE) – d’ici la fin du mois de mai, a précisé le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode.
Les instituts de vie consacrée représentés par des religieuses et religieux
Ces personnes devront avoir «assisté au processus synodal, au niveau national ou continental, afin qu’il y ait une continuité», a expliqué à l’agence I.MEDIA le cardinal Jean-Claude Hollerich, rapporteur général de l’assemblée synodale. Le secrétariat du Synode demande aussi de tenir compte de leur «culture générale» et de leur «prudence». Une vertu qui signifie entre autres ne pas mettre «son propre intérêt en premier» et avoir «le souci de l’Église», a précisé le rapporteur général.
«Il serait bon que parmi ces 70 participants il y ait au moins la moitié de femmes et qu’il y ait des jeunes, afin que l’Église soit bien représentée», a aussi déclaré le cardinal Hollerich. Et de glisser: «On ne peut pas dire que le baptême des hommes soit plus important que le baptême des femmes».
La place des femmes au Synode s’élargit également par une autre nouveauté: les instituts de vie consacrée seront représentés par cinq religieux et cinq religieuses élus par les organisations des Supérieurs généraux, et non plus dix clercs comme auparavant. Ces 10 consacrés s’ajoutent donc aux 70 membres non-évêques.
Une petite révolution?
Malgré la participation de non-évêques, cette assemblée reste «un Synode des évêques», ont précisé les organisateurs. Il s’agit d’un changement important, mais «pas d’une révolution», a insisté le cardinal Hollerich. Selon une source vaticane cependant, «on peut parler d’une petite révolution». Elle voit dans cette ouverture «un tournant significatif» du pontificat de François.
La sous-secrétaire du secrétariat général du Synode, Sœur Nathalie Becquart, a expliqué à I.MEDIA que cette nouveauté s’insérait à la suite de «toutes les étapes précédentes» de ce Synode ouvert en octobre 2021, et qui se veut «pour tout le Peuple de Dieu et pas seulement pour certains». La religieuse xavière, première femme à avoir obtenu le droit de vote en tant que sous-secrétaire, rappelle aussi que la Constitution apostolique Episcopalis communio du Synode des évêques (2018) avait déjà prévu une «ouverture» à des membres non-évêques.
D’autres nouveautés
D’autres nouveautés sont également à noter dans la composition de la future assemblée. Même les Églises de petits pays sans conférences épiscopales, qui n’étaient auparavant pas représentées, pourront envoyer un membre au Synode. «L’Église sera plus complète à ce Synode», s’est réjoui le cardinal Hollerich, précisant que cette nouveauté concernait notamment le Luxembourg, Monaco, l’Estonie, la Moldavie, et le Népal. Par ailleurs, l’assemblée ne comptera plus «d’auditeurs», terme qui désignait les non-évêques invités qui n’avaient pas le droit de vote.
Alors que les synthèses des différents continents ont souligné de fortes divergences d’attentes entre les pays, le cardinal Hollerich a souhaité que l’assemblée d’octobre ne soit pas «une guerre partisane dans l’Église» mais «une réponse aux défis de ce monde, avec l’individualisme montant, les oppositions féroces sur internet». (cath.ch/imedia/hl/ak/rz)