Père Soe Naing: «L’Eglise est le témoin vivant que les ethnies peuvent vivre ensemble»
Le Père Mariano Soe Naing, porte-parole des évêques birmans, dresse pour l’agence I.MEDIA un premier bilan du voyage apostolique du pape François dans le pays. Le pontife a visité la Birmanie du 27 au 30 novembre 2017. Il y a rencontré les différentes composantes de la nation birmane, dont le gouvernement, l’armée, les responsables bouddhistes, et bien sûr la communauté catholique locale.
Le pape François a demandé aux catholiques birmans ultra-minoritaires de favoriser l’unité du pays entre les différentes ethnies. Comment cela est-il possible?
C’est vrai que le pays est divisé entre une centaine de groupes ethniques. Mais l’Eglise est le témoin visible et vivant, à travers ses évêques, de provenance très différente, et qui siègent ensemble au sein de la conférence épiscopale, que toutes les ethnies peuvent coexister. Certes, l’Eglise a ceci de particulier que nous avons une seule religion et une seule foi. Mais cela est possible. Par ailleurs, pendant 50 ans, nous avons connu une guerre civile et nous voulons vraiment que cela s’arrête. Tout le monde le veut, ici, dans ce pays. Avec son unité déjà constituée, l’Eglise peut faire un premier pas pour bâtir la paix. Nous avions cependant besoin du pape pour nous dire comment faire, après des années de conflit et de défiance.
Le pape a souligné le dynamisme de l’Eglise en Birmanie. En quoi est-ce une réalité ?
D’un point de vue démographique d’abord. Dans ce pays, 40% de la population est jeune. L’Eglise est à son image… Ensuite, nous sommes forts dans notre foi parce que nous avons été un petit nombre très soudé, pendant les années de répression de la part du régime militaire. Notre foi est donc simple et solide. Nous n’avons pas non plus de problème de doctrine: personne n’en conteste les fondements. Nous croyons dans la foi que nous avons reçue de nos pères. Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas de problème…
La liberté religieuse est-elle désormais réelle pour les catholiques?
Elle n’est pas encore assurée à 100%, mais nous n’en sommes plus à 0%… Nous sommes libres de prier, de célébrer la messe à Noël et à Pâques: la pratique religieuse est permise. Cela n’a pas toujours été le cas par le passé, avant la transition démocratique. Il y avait alors des lois non écrites qui nous empêchaient de construire des églises et de les restaurer. Car nous faisions l’objet d’une suspicion de la part du régime militaire. Aujourd’hui, il n’y a plus de réelle persécution. Et le pape a délivré un message à la nation birmane, selon lequel nous ne sommes pas une menace pour le pays. (cath.ch/imedia/ap/rz)