Père Abbé Christian Meyer: «Nous voulons mettre un terme aux abus sexuels»
Les bénédictins et bénédictines de Suisse se sont réunis du 6 au 9 juin 2017 au monastère d’Engelberg, dans le canton d’Obwald, pour débattre notamment des mesures de prévention contre les abus sexuels. Un atelier est en particulier prévu au niveau de la congrégation en 2018.
Président de la congrégation suisse des bénédictins, Christian Meyer, Père Abbé d’Engelberg, apporte des précisions sur les discussions du chapitre général de l’ordre. Cet événement réunit tous les trois ans les responsables des communautés dans le pays.
Vous avez discuté du problème des abus sexuels. Sur quoi exactement ont porté les débats?
Il a été question de prévention. Nous avons pris comme base les Directives de la Conférence des évêques suisses (CES) et de l’Union des supérieurs majeurs religieux de Suisse (VOS’USM). Ce document nous donne la tâche d’agir pour la prévention dans nos diverses communautés. Nous avons examiné dans quels couvents des programmes sont déjà en place. Nous avons ensuite regardé de quelle façon on pouvait agir dans les autres. Dans les couvents abritant des écoles, des programmes de prévention fonctionnent déjà.
«Je ne connais pas de communauté ou aucune action concrète ne s’est déroulée»
Nous avons également décidé d’avancer sur ce plan au niveau de la congrégation. En ma qualité de président, je suis chargé de réaliser un atelier sur ce thème, l’an prochain. Par ailleurs, je vais contacter d’autres congrégations, afin d’envisager des actions communes. La question de la prévention est d’actualité dans les communautés religieuses, où nous effectuons de nombreuses actions pastorales et réunions.
Quels monastères sont déjà actifs?
Einsiedeln, Engelberg et Disentis. Parce que ces lieux abritent des écoles nous devions y agir plus vite qu’ailleurs. Avec le but de démontrer que nous voulons mettre un terme aux abus, de façon proactive. Mais en fait, je ne connais pas de communauté ou aucune action concrète ne s’est déroulée.
Avez-vous abordé l’affaire Allaz et le livre de Daniel Pittet qui décrit les abus sexuels dont il a été victime?
Nous avons parlé du livre et nous avons été très touchés par le contenu et la façon dont tout cela s’est passé. Nous voulons à présent développer la prévention afin que l’on ne reste pas silencieux, dans les communautés, lorsque l’on remarque ou soupçonne quelque chose de similaire à ce que Daniel Pittet décrit dans son livre. Nous en acceptons la responsabilité, aussi bien au niveau de la communauté toute entière qu’en tant que membres individuels.
Comment l’ordre bénédictin traite les victimes et les coupables dans ses propres rangs?
Chaque communauté a sa propre façon de faire et ses propres spécialistes. La procédure, la manière dont les choses se déroulent, est expliquée sur notre site internet. Lorsqu’une dérive est constatée, les communautés mettent en place des espaces de discussions et l’assemblée en est informée. Beaucoup de mesures en ce sens ont déjà été prises.
Les communautés sont-elles en contact avec les commissions diocésaines contre les abus?
Il existe des contacts au niveau individuel. Certains monastères ont eu recours à des acteurs externes pour traiter certains incidents, notamment ceux de Fischingen, Engelberg et Einsiedeln. Les investigations ont été rendues publiques. (cath.ch/kath/rp/rz)