Grâce aux campagnes contre la peine de mort, le nombre de pays à l'appliquer a encore reculé en 2024 | © Photo:World Coalition Against the Death Penalty/Flickr/CC BY-SA 2.0
International

Peine de mort: 1518 personnes exécutées en 2024, un record

Le nombre d’exécutions capitales a atteint en 2024 son plus haut niveau depuis 10 ans, a annoncé le 8 avril 2025 Amnesty International. Le nombre de pays ayant procédé à des exécutions a été par contre le plus bas jamais enregistré.

Selon le rapport d’Amnesty International Condamnations à mort et exécutions 2024, 1518 exécutions connues ont eu lieu en 2024, dont la majorité au Moyen-Orient. Ces chiffres ne comprennent pas «les milliers de personnes très probablement exécutées en Chine, qui reste le pays ayant procédé au plus grand nombre d’exécutions au monde, ainsi qu’en Corée du Nord et au Viêt-Nam.

972 personnes exécutées en Iran

Les cinq pays ayant exécuté le plus de personnes en 2024 étaient la Chine, l’Iran, l’Arabie saoudite, l’Irak et le Yémen. Trois pays à eux seuls comptabilisent plus de 90% des exécutions, en hausse pour la deuxième année consécutive: l’Arabie saoudite, l’Irak et l’Iran. Ce dernier pays passe en tête de liste, avec 972 personnes exécutées en 2024, comptabilisant 64% de l’ensemble des exécutions recensées l’an passé.

Quant à  l’Irak, il a presque quadruplé son total annuel, avec 63 exécutions l’an passé contre 16 l’année précédente, précise Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, sur le site de l’ONG.

Des exécutions politiques

La peine de mort est souvent utilisée sous le prétexte d’améliorer la sécurité publique ou pour instiller la peur au sein de la population. Dans certains pays du Moyen-Orient, les autorités s’en sont servies pour réduire au silence des défenseurs des droits humains, des dissidents, des manifestants, des opposants politiques et des minorités ethniques. Ainsi en Iran. En 2024, le pays «a persisté dans son recours à la peine de mort pour punir des personnes qui avaient remis en question le régime de la République islamique pendant le soulèvement «Femme. Vie. Liberté.»»

Ainsi aussi en Arabie saoudite, où «les autorités ont continué à utiliser la peine de mort pour museler la dissidence politique et sanctionner des citoyens membres de la minorité chiite ayant soutenu les manifestations ›antigouvernementales’» entre 2011 et 2013.»

Les États-Unis ne sont pas en reste

Le rapport d’Amnesty International dénonce aussi la tendance persistante à la hausse des exécutions capitales aux États-Unis depuis la fin de la pandémie de COVID-19: 25 personnes ont été exécutées en 2024 et 23 l’année précédente. Le futur s’annonce en outre sombre.  «Peu après son élection, le président Donald Trump a invoqué à plusieurs reprises la peine capitale comme outil pour protéger la population ›des violeurs, meurtriers et monstres violents’»

15 pays concernés en tout

En dépit de ce sombre tableau, Agnès Callamard met en avant une bonne nouvelle: le nombre d’États qui ont recouru à la peine de mort en 2024 a reculé pour la deuxième année consécutive. À ce jour, 113 pays ont aboli totalement la peine capitale et 145 l’ont fait en droit ou dans la pratique.

Reste que ces acquis sont fragiles. La République démocratique du Congo a annoncé son intention de reprendre les exécutions, et les autorités militaires du Burkina Faso ont indiqué qu’elles prévoyaient de rétablir la peine de mort pour les crimes de droit commun. (cath.ch/com/lb)

Peine capitale : le non des papes du XXe et XXIe siècles
L’Église catholique ne condamne clairement le recours à la peine de mort que depuis le 20e siècle. Le catéchisme du Concile de Trente voyait en effet encore les juges prononçant la peine de mort comme «des exécutants de la loi divine», rappelle Vatican News.
Depuis le 20e siècle, cependant, tous les papes, François en particulier, condamnent cette pratique, réaffirmant la dignité de tout homme quel que soit le crime commis, ainsi que la possibilité d’une rédemption. Avec des nuances de taille néanmoins.
Le texte officiel en latin du Catéchisme de 1997, approuvé par Jean Paul II, indique: «L’enseignement traditionnel de l’Église n’exclut pas, à supposer que l’identité et la responsabilité du délinquant aient été pleinement établies, le recours à la peine de mort, lorsque c’est la seule manière praticable de défendre efficacement la vie des êtres humains contre l’injuste agresseur.» Jean Paul II a néanmoins appelé dans son message de Noël 1998 à «l’interdiction de la peine de mort» et a fait de même en janvier 1999, lors de sa visite pastorale aux États-Unis.
Mais le grand tournant de l’Église face à la peine capitale revient, sans conteste, au pape François. En 2018, il a approuvé l’amendement au numéro 2267 du Catéchisme de l’Église catholique concernant la peine de mort: «L’Église enseigne à la lumière de l’Évangile que la peine de mort est inadmissible parce qu’elle porte atteinte à l’inviolabilité et à la dignité de la personne et s’engage résolument en faveur de son abolition dans le monde entier». LB

Grâce aux campagnes contre la peine de mort, le nombre de pays à l'appliquer a encore reculé en 2024 | © Photo:World Coalition Against the Death Penalty/Flickr/CC BY-SA 2.0
9 avril 2025 | 16:37
par Lucienne Bittar
Temps de lecture : env. 3  min.
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