La pédophilie, une ombre sur la visite du pape au Chili
Les affaires d’abus sexuels qui ont ébranlé l’Eglise catholique au Chili jettent une ombre sur la visite du pape François dans le pays du 15 au 18 janvier 2018. La question se cristallise autour du maintien en poste de Mgr Juan Barros Madrid, évêque d’Osorno, au sud du pays, soupçonné d’avoir couvert un prêtre pédophile.
Mgr Juan Barros Madrid, évêque d’Osorno, est en effet accusé d’avoir couvert le prêtre pédophile Fernando Karadima, reconnu coupable en 2011 par la justice chilienne et par le Vatican d’actes pédophiles commis dans les années 1980 et 1990.
Parmi les nombreuses critiques formulées par des membres de l’Église catholique chilienne ou des organisations de la société civile, l’une des plus remarquée est celle d’Antonio Bentué, théologien de renom et professeur de l’Université catholique pontificale du Chili. Sur le site internet chilien « Réflexion et Libération », il exhorte Mgr Juan Barros Madrid à présenter sa démission avant la venue du pape François.
Redoutant en effet que le voyage du pape François, particulièrement aimé aggrave encore davantage une situation toujours plus tendue à Osorno, dans un diocèse divisé, Antonio Bentué en appelle au sens des responsabilités du prélat.
Renoncer, un «acte de communion»
«Je sais que tu aimes le pape comme tu l’as démontré à de nombreuses reprises, écrit-il, s’adressant à l’évêque en le tutoyant. Et je pense que ce serait vraiment un acte de grande sagesse et d’amour à l’égard de François et de l’Église que tu renonces à ce titre d’évêque avant qu’il ne vienne au Chili. Par cette action, tu ferais un grand acte de communion avec le Saint-Père et notre Église chilienne si maltraitée.»
Le peuple «ne comprend pas comment tu peux continuer ainsi, obstinément, sans renoncer, protégé par l’obédience d’un pape que tu mets dans une situation inconfortable, impossible à résoudre, mais qu’il t’appartient cependant de résoudre».
«Abandonnés par leurs pasteurs»
Pour le Père jésuite Felipe Berríos, d’Antofagasta, à 1300 kilomètres au nord de Santiago, la nomination de Mgr Barros a eu des conséquences désastreuses sur l’image d’une Église chilienne qui avait déjà du faire face à des dizaines d’abus sexuels perpétrés par des membres de l’Église. Au point que pour lui, les «fidèles du Chili se sont sentis abandonnés par leurs pasteurs».
Pour le jésuite, le pape François doit faire un geste en ce qui concerne l’évêque d’Osorno. Sa nomination a divisé et atteint profondément la société chilienne. «Je pense que ce serait vécu douloureusement que de voir par exemple le pape François donner une accolade à Mgr Juan Barros Madrid».
80 condamnations pour abus sexuels contre des membres de l’Église catholique chilienne
Depuis la condamnation, en juin 2003, du Père Andrés Aguirre pour sept cas d’abus sexuels et de viols, pas moins de quatre-vingt condamnations pour abus sexuels ont été prononcées contre des membres de l’Église catholique chilienne, lors des quinze dernières années. Parmi eux figurent quatre évêques, soixante-six prêtres, un diacre, deux personnes consacrées, six frères maristes et une religieuse, condamnés par la justice civile et canonique. 34 l’ont été pour des actes commis sur des mineurs. (cath.ch/jcg/mp)