Pays-Bas: les évêques condamnent les violences contre les supporters israéliens
La Conférence épiscopale néerlandaise a condamné le 8 novembre 2024 les violences «antisémites» commises la veille à Amsterdam contre les supporters de foot israéliens, à la suite d’un match de la Ligue Europa entre l’Ajax et le Maccabi Tel-Aviv.
Plusieurs personnes ont été blessées à Amsterdam, le 7 novembre 2024, en marge du match de football entre le Maccabi Tel-Aviv et l’Ajax à Amsterdam, dans des heurts aussitôt qualifiés d’explosion «antisémite» par Femke Halsema, la maire de la ville, et par le Premier ministre néerlandais Dick Schoof, qui ont tout deux exprimé leur «honte».
Alors que le contexte et le déroulé des événements indiquent que les heurts ont eu pour toile de fonds la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza et au Liban, plusieurs responsables politiques et chefs d’États ont préféré les taxer de suite d’actes ‘antisémites’, alimentant une confusion courante entre ‘antisioniste’ et ‘antisémite’, mais aussi entre ‘Israélien’ et ‘juifs’. Ainsi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a déclaré sur X que «l’antisémitisme n’a absolument pas sa place en Europe», et le président Emmanuel Macron a affirmé que «la France continuera de lutter contre l’odieux antisémitisme sans relâche».
Cette vue a aussi été partagée par les évêques des Pays-Bas, qui ont déclaré, dans un communiqué daté du 8 novembre: «Nous sommes choqués par ces actes. Toute forme d’antisémitisme et de haine contre «l’autre» est un grave péché contre le Créateur et constitue une grande injustice pour notre prochain.»
De provocations en violences
Les tensions, de fait, ont commencé la veille de la rencontre, avec des supporters du Maccabi Tel-Aviv lançant des slogans hostiles à la Palestine et des chants racistes. Des dizaines de fans du club israélien ont été filmés en train de chanter en hébreu «Mort aux Arabes! On va gagner!» ou encore «Laissons Tsahal gagner pour finir les Arabes».
Les supporters du Maccabi Tel-Aviv ont également été critiqués pour ne pas avoir respecté la minute de silence avant la rencontre de foot, dédiée aux victimes des inondations à Valence. Il faut dire que l’Espagne est l’un des rares pays européens à avoir reconnu l’État palestinien, comme l’a rappelé la chaine d’information France24.
Un rassemblement pro-palestinien dénonçant la venue du club israélien, initialement prévu aux abords du stade, a été déplacé un peu plus loin pour des raisons de sécurité. Mais les affrontements se sont très vite déplacés. «Les partisans du Maccabi ont retiré un drapeau d’une façade du Rokin et ont détruit un taxi. Un drapeau palestinien a été incendié», a confirmé le 8 novembre Peter Holla, chef de la police de la ville.
Un seuil élevé de violences
Les violences entre supporters d’équipes de football sont courantes, mais celles commises à Amsterdam contre les partisans du Maccabi, sous-tendues par le conflit au Proche-Orient, ont atteint un seuil élevé. Selon la police néerlandaise, cinq personnes ont dû être transportées à l’hôpital et 62 autres ont été arrêtées.
Sur plusieurs vidéos relayées sur les réseaux sociaux, on voit des supporters du Maccabi Tel-Aviv se faire poursuivre et violemment frapper par des groupes d’hommes, alors même qu’ils sont parfois à terre. Des passants sont également sommés de présenter leurs passeports pour que leur nationalité soit vérifiée. Une autre vidéo montre un supporter israélien assis au sol alors que son agresseur lui lance: «Pour les enfants! Pour les enfants!», probablement en référence aux innombrables enfants tués par l’armée israélienne dans la bande de Gaza.
«La violence n’est jamais la solution», soulignent les évêques
La violence n’est jamais une bonne réponse et entraîne encore plus de violences et de peurs dans son sillage, ont tenu à rappeler les évêques du pays. «Les différences d’opinion ou d’origine ne devraient jamais conduire à l’arriération, à l’oppression et certainement pas à la violence, verbale ou physique.. La solution réside dans le respect des droits et de la dignité inaliénable de chaque personne humaine.»
Les violences commises contre les supporters israéliens du Maccabi Tel-Aviv ont eu lieu au moment où la communauté juive des Pays-Bas s’apprêtait à commémorer la tristement célèbre Nuit de cristal (9-10 novembre 1938). Par mesure de sécurité, les commémorations ont été annulées. Et dans le Jodenbuurt, quartier juif d’Amsterdam, des agents de police tiennent la garde près de la synagogue portugaise et du musée historique juif.
Les Pays-Bas devraient être un foyer sûr pour chacun, a fait remarquer la Conférence épiscopale néerlandaise. Or «nos concitoyens juifs, y compris les enfants et les jeunes, éprouvent une grande crainte, comme en témoigne le dispositif de sécurité renforcé mis en place dans leurs lieux de culte, leurs écoles et d’autres institutions.» (cath.ch/com./ag/lb)