Pauvreté des enfants: Caritas dénonce l'inaction de la Confédération
«C’est un scandale que, dans un pays aussi riche que la Suisse, la pauvreté soit en augmentation et concerne de plus en plus les enfants», a dénoncé Caritas Suisse le 2 décembre 2019. L’œuvre d’entraide catholique, qui avance le chiffre de plus de 100’000 enfants touchés par la pauvreté, dénonce l’inaction de la Confédération.
«La pauvreté des enfants est une réalité et ses conséquences pour les enfants eux-mêmes et pour la société sont dévastatrices», a lancé lundi à Berne Hugo Fasel, directeur de Caritas Suisse, qui a sommé les autorités fédérale d’agir. Et d’exiger une loi-cadre au plan fédéral, réglementant l’introduction dans toute la Suisse de prestations complémentaires (PC) pour familles.
Le Conseil fédéral abandonne la lutte contre la pauvreté aux cantons
Caritas Suisse déplore que le Conseil fédéral abandonne la lutte contre la pauvreté aux cantons, ce qui engendre des inégalités des chances. «On voit grâce à quatre cantons leaders en la matière qu’il est possible de mettre en place des mesures efficaces contre la pauvreté des enfants grâce aux PC pour les familles». Caritas demande instamment au nouveau Parlement de prendre les choses en main et de créer le cadre juridique d’une lutte nationale contre la pauvreté des enfants.
Statistiquement, dans les écoles du pays, dans chaque classe, au moins un enfant est pauvre. «Et si on compte les enfants vivant dans la précarité juste au-dessus du seuil de pauvreté, ils sont même trois par classe», a révélé Marianne Hochuli, responsable du Secteur Etudes de Caritas Suisse.
Des enfants pâtissent de l’insuffisance des revenus de leurs parents
Caritas s’alarme de cet état de fait: «Il est intolérable que le développement des enfants pâtisse de l’insuffisance des revenus de leurs parents et que ces enfants soient sanctionnés à cause de la situation familiale dans laquelle ils grandissent», insiste Hugo Fasel.
L’œuvre d’entraide juge inacceptable que la Confédération ne s’implique pas dans la lutte contre la pauvreté et en délègue la responsabilité aux cantons. Elle invite fermement le Conseil fédéral et le nouveau Parlement à prendre leurs responsabilités.
Des cantons luttent avec succès contre la pauvreté des enfants
Caritas Suisse rappelle qu’il existe des mesures efficaces pour lutter contre la pauvreté des enfants: quatre cantons en fournissent la preuve. «Genève, le canton de Vaud, le Tessin et Soleure ont introduit les PC pour familles, engendrant un net recul du nombre de familles qui doivent faire appel à l’aide sociale. Toutes les évaluations montrent que l’instrument est efficace et que les taux de pauvreté ont notablement baissé dans ces cantons».
L’œuvre d’entraide salue le modèle du canton de Vaud, jugé «particulièrement efficace». Les PC pour familles y sont versées jusqu’à l’adolescence. De plus, le canton prend à sa charge la plus grande partie des coûts de garde des enfants et rembourse les coûts de la santé.
Pour une solution au plan fédéral
Le fait qu’en dépit de ces expériences positives, il n’existe pas d’instrument comparable dans les 22 autres cantons montre clairement que la politique fédérale doit maintenant intervenir. Caritas s’engage pour que la Confédération mette en place une loi-cadre qui inscrive dans la législation l’instrument des PC pour familles et l’introduise partout en Suisse.
Les PC pour familles favorisent la responsabilité personnelle, incitent à travailler et sont administrativement moins lourdes que l’aide sociale.
La pauvreté des enfants a de nombreuses causes
Il y a de nombreuses raisons à la pauvreté des enfants dans le pays prospère qu’est la Suisse. Un enfant coûte entre 7’000 et 14’000 francs par an, un coût particulièrement lourd pour les parents à faibles revenus. A note que près de 70 % des enfants touchés par la pauvreté en Suisse grandissent dans des familles de travailleurs pauvres (working poors).
Caritas Suisse note encore les lacunes en matière d’harmonisation entre vie professionnelle et vie familiale, ce qui pose de gros problèmes, notamment aux familles occupant des emplois dans des conditions précaires.
Divorces et familles monoparentales
Le divorce représente un risque et comme il est mal assuré, les enfants de familles monoparentales sont en moyenne plus souvent touchés par la pauvreté que les autres. La Suisse se situe en-dessous de la moyenne européenne en ce qui concerne les investissements en faveur de l’enfance et de la famille. Elle pourrait donc investir dans les PC pour famille, qui sont un instrument efficace contre la pauvreté. (cath.ch/be)