Patriarche Grégoire III: «En Syrie et en Irak, nous vivons l’œcuménisme du sang»

Beyrouth, 22 juin 2015 (Apic) «En Syrie et en Irak, nous vivons l’œcuménisme du sang et de la communion», a déclaré le patriarche Grégoire III lors du Saint-Synode de l’Eglise grecque-melkite catholique. La réunion s’est tenue du 15 au 20 juin 2015 au siège d’été du Patriarcat grec-catholique à Aïn Trez, au sud-est de Beyrouth.

La situation et l’avenir de la famille ont été au centre des préoccupations de cette assemblée épiscopale, en préparation au Synode sur le thème de la vocation et de la mission de la famille dans l’Eglise et dans le monde contemporain, qui se tiendra en octobre prochain au Vatican.

Les participants ont été rendus attentifs aux défis auxquels fait face la famille chrétienne aujourd’hui «dans un monde sécularisé à l’extrême qui ne laisse aucune place à Dieu et aux valeurs chrétiennes». Les Pères ont décidé de créer et de développer dans toutes les éparchies les centres de catéchèse et de formation chrétienne pour une meilleure préparation au mariage ainsi que des centres d’écoute et d’accueil pour les familles en crise.

L’émigration des chrétiens du Moyen-Orient, «une véritable hémorragie»

En ouverture du Synode, le chef de l’Eglise gréco-catholique a lancé un cri d’alarme: les crises que traverse le Moyen-Orient poussent les chrétiens d’Orient à quitter leur pays. «L’émigration est en progression exponentielle», et cette émigration «n’est pas sans graves conséquences sur ce qui fait l’essence même de leur mission dans ce Moyen-Orient à majorité musulmane qui est leur terre. Une mission que beaucoup, après le Père Corbon, un jésuite, ont appelé l’Eglise des Arabes, l’Eglise de l’Islam. Expressions qui résument leur mission, leur histoire et leur avenir», a-t-il déclaré.

Il a souligné que l’émigration s’est accélérée ces derniers mois à cause des conflits qui tourmentent la région, mais surtout, sans mentionner explicitement le prétendu ‘Etat islamique’ (EI), «du fait d’une plus récente et préoccupante organisation terroriste, de dimensions autrefois inimaginables». Ce groupe commet «toutes sortes d’abus et de pratiques indignes de l’homme, en frappant de manière particulière certains d’entre vous qui ont été chassés de façon brutale de leurs propres terres, où les chrétiens sont présents depuis les temps apostoliques».

60 % des Libanais ont décidé d’émigrer

Le patriarche melkite observe que cette émigration touche aussi l’équilibre même du Liban et le maintien de la présence des chrétiens au pays des cèdres. «Selon des statistiques qui nous ont été communiquées, 60 % des Libanais ont décidé d’émigrer et 35 % d’entre eux sont dans l’attente d’un visa. Et la majorité d’entre eux sont des chrétiens. Si tel est le cas pour le Liban, quelle est alors la situation et les perspectives pour les pays de moindre stabilité, déchirés par les guerres et où règne le chaos ? A nous de travailler dans nos éparchies et paroisses comme dans notre diaspora pour tenter de freiner ce mouvement qui n’est rien moins qu’une hémorragie».

Le patriarche Grégoire III a notamment relevé le sort tragique des paroisses et diocèses affectés par la guerre en Syrie, en particulier les diocèses de Homs et d’Alep.

A Alep, presque toutes les églises touchées par les bombardements

A Alep, deuxième capitale chrétienne de Syrie, presque toutes les églises ont été touchées par les bombardements, a précisé Grégoire III. Dans la vieille ville, le bâtiment du diocèse et sa cathédrale ont été sérieusement endommagés. Les paroisses de Damas, où ont reflué la majorité des chrétiens affectés par l’exode intérieur, déploient de grands efforts d’assistance, qu’il estime entre 40 et 50’000 dollars d’aide mensuelle.

Ce synode aura encore été marqué par la halte juste avant l’ouverture des travaux de la statue pèlerine de Notre-Dame de Fatima. JB

 


Encadré

Les melkites, des catholiques de rite byzantin de langue arabe

Les grecs-melkites catholiques se trouvent, à l’origine, dans les trois grands Patriarcats orientaux d’Antioche, d’Alexandrie et de Jérusalem. Actuellement ils vivent en majorité en diaspora, loin du Moyen-Orient. Le mot «melkite» vient du syriaque «malko» et signifie royal ou impérial. Ce surnom a été donné pour la première fois en 460, en Egypte, par les monophysites, aux orthodoxes qui avaient pris parti pour le patriarche légitime, Timothée II, appuyé par l’empereur romain (byzantin) Léon 1er. A l’époque, c’était un synonyme de loyalisme politico-religieux. De l’Egypte, ce surnom est rapidement passé en Syrie. Actuellement, l’usage commun réserve ce nom aux catholiques de rite byzantin de langue arabe dans les trois patriarcats mentionnés ci-dessus et dans l’émigration.

Le patriarche Grégoire III Laham, élu le 29 novembre 2000, insiste spécialement sur la place des chrétiens dans la société arabe et la nécessité d’endiguer l’émigration. Il met en avant le dialogue avec l’islam, l’œcuménisme et un travail assidu en matière de liturgie. Actuellement, cinq patriarches portent le titre d’Antioche: ce sont, outre le patriarche de l’Eglise grecque-melkite catholique, le patriarche grec-orthodoxe d’Antioche (Jean X Yazigi), celui de l’Eglise syriaque-orthodoxe (Ignace Ephrem II Karim), celui de l’Eglise maronite (le cardinal Bechara Raï) et celui de l’Eglise syriaque-catholique (Ignace Joseph III Younan). (apic/be)

 

Liban Synode 2015 de l’Eglise grecque-melkite catholique
22 juin 2015 | 13:57
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 3  min.
Partagez!