Pour le Patriarcat de Moscou, la tenue du Concile panorthodoxe est irréaliste
Alors que de nombreux problèmes ne sont pas résolus, la tenue du Concile panorthodoxe, qui doit ouvrir ses portes le 16 juin 2016 à l’Académie orthodoxe de Crète, est «irréaliste», a estimé le 11 juin Vladimir Legoïda, président du Département synodal des relations du Patriarcat de Moscou avec les médias.
Le Saint Synode de l’Eglise orthodoxe russe doit se rencontrer en session extraordinaire lundi 13 juin. Il débattra à cette occasion de la participation de l’Eglise russe à ce Concile, le premier depuis un millénaire, après la décision de plusieurs Eglises – dont les Eglises orthodoxes de Bulgarie, de Serbie et de Géorgie ainsi que le Patriarcat d’Antioche – de ne pas y prendre part.
Défection des Eglises bulgare, serbe et géorgienne
Vladimir Legoïda estime que le statut de la rencontre en Crète doit être redéfini, parce que le Saint et Grand Concile panorthodoxe requiert la participation des 14 Eglises locales, alors qu’actuellement plusieurs ne sont pas prêtes à participer. Pour lui, une telle rencontre pourrait s’appeler, par exemple, «Conférence panorthodoxe», mais pas Concile. Il a annoncé la position du Patriarcat de Moscou le 10 juin à la chaîne TV «Rossia 24».
L’Eglise orthodoxe russe n’a pas reçu de réponse directe du Patriarcat de Constantinople à sa proposition de procéder à une consultation extraordinaire dans le but d’éliminer les problèmes qui ont surgi lors de la préparation du Concile panorthodoxe. Le Patriarcat de Moscou avait proposé «un mécanisme absolument réaliste» permettant de prendre en compte les intérêts de tous et même de convoquer le Concile dans les délais prévus.
Constantinople ne répond pas
«Mais pour cela, il faut que l’on se réunisse comme nous l’avons proposé, et discuter ces problèmes. Parce que la proposition alternative de Constantinople, venir au Concile, est irréaliste. En effet, au Concile même, il n’y a pas de mécanisme pour modifier les documents, ils ne peuvent qu’être signés. Or, ils doivent être élaborés jusque-là. C’est la pratique habituelle», a déclaré Vladimir Legoïda. Mais l’Eglise orthodoxe russe n’a reçu aucune réponse directe à sa proposition de la part du Saint-Synode de Constantinople.
Les représentants de l’Eglise orthodoxe de Géorgie ont déclaré qu’ils ne participeront pas au Concile en Crète puisque le Patriarcat de Constantinople a ignoré leurs demandes. Pour l’Eglise géorgienne, le Concile a laissé de côté des questions aussi importantes que le calendrier liturgique et le mariage. Cette dernière question a été soulevée activement par l’Eglise de Géorgie. «Nous avons considéré qu’il serait juste de nous abstenir de participer, a déclaré aux journalistes l’archevêque Zosimas Shioshvili, métropolite de Tsilkani et Dusheti, après la session du Saint-Synode à Tbilissi, à laquelle participait le patriarche Ilia II.
Quid du principe essentiel d’unanimité ?
L’évêque Hilarion Kitiashvili, métropolite de Mestia et Svaneti, a déclaré à son tour à la presse que «le principe essentiel d’unanimité, qui se trouve à la base du déroulement du Concile, n’est pas réalisé à cette étape, parce que la décision a été prise par l’Eglise de Géorgie de s’abstenir de participer… Il y a également des questions fondamentales qui doivent être prises en compte par le Patriarcat de Constantinople et qui ne le sont pas».
Malgré les débats en cours dans le monde orthodoxe, le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, a déclaré que ce serait un très mauvais signe si ce Concile ne pourrait pas avoir lieu. Sur le portait internet katholisch.de, le cardinal suisse a estimé qu’»un Concile est finalement aussi là pour que l’on règle les désaccords».
Le cardinal Koch souhaite que le Concile ait lieu
Le cardinal Koch, qui est également en charge des relations avec le monde orthodoxe, est invité à participer au Concile en tant qu’observateur, en compagnie de Mgr Brian Farrell, secrétaire du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Les hôtes ne pourront pas participer aux débats, mais recevront quotidiennement des informations sur le déroulement des travaux.
«Il est positif que l’Eglise catholique puisse être présente avec des observateurs. Parce que cela montre que l’orthodoxie considère comme quelque chose d’important les relations avec les autres Eglises chrétiennes», souligne-t-il.
Excellentes relations avec le Patriarcat de Constantinople
Interrogé sur les relations de l’Eglise catholique avec les diverses Eglises orthodoxes, le cardinal Koch les qualifie de très variées. Ainsi le Vatican entretient depuis longtemps d’excellentes relations avec le Patriarcat de Constantinople et le contact avec le Patriarcat de Moscou a fait de très grands progrès depuis la rencontre entre le pape François et le patriarche Cyrille en février dernier à Cuba.
La prochaine rencontre de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Eglise catholique romaine et l’Eglise orthodoxe – à laquelle toutes les Eglises orthodoxes participent, à l’exception de l’Eglise bulgare – doit se tenir en septembre prochain dans la ville italienne de Chieti, dans la région Abruzzes. (cath.ch-apic/com/be)