Pascal Meyer, un jeune jésuite suisse engagé auprès des réfugiés
Moins d’un pour cent des réfugiés dans le monde ont accès à l’enseignement universitaire. Jésuite d’origine zurichoise, Pascal Meyer travaille à Genève au sein du réseau d’éducation en ligne Jesuit Worldwide Learning (JWL) qui leur offre un accès à des connaissances professionnelles et académiques.
L’initiative JWL des jésuites des Provinces de Suisse, d’Allemagne et d’Autriche propose aux personnes et aux communautés en marge de la société un accès à l’enseignement supérieur. Malgré la pandémie de Covid-19, qui a obligé dans plusieurs pays du monde nombre de centres d’apprentissage à fermer temporairement leurs portes, les cours se poursuivent en ligne. Le projet pilote a débuté dans des camps de réfugiés en Afrique et au Moyen-Orient et a rapidement été étendu à d’autres régions défavorisées dans le monde.
La formation, clef de la paix
JWL soutient les valeurs chrétiennes et la pédagogie du fondateur de la Compagnie de Jésus Ignace de Loyola. Dans son esprit, cette organisation internationale fondée en 2010, à la suite de l’alliance de plusieurs universités jésuites, souhaite aider les pauvres, les déplacés et les marginalisés à prendre leur vie en main et ainsi encourager la formation de cadres dirigeants de demain.
»Former des personnes à l’esprit critique, à la recherche de solutions, constitue la clef de la paix», note le Père jésuite Peter Balleis, président exécutif de JWL, car «dans les régions où le niveau d’éducation est bas, le risque de conflit est élevé!»
Témoigner de l’Evangile sans faire de prosélytisme
«Nous ne voulons pas être missionnaires, mais notre attention aux plus pauvres est une sorte de mission. Nous voulons ainsi témoigner de l’Evangile», explique Pascal Meyer, jésuite de 36 ans, qui travaille au sein de JWL pour ce projet d’éducation internationale depuis l’automne 2018.
Son «cœur pour les personnes en marge de la société» et la dimension mondiale du projet sont la principale motivation de son engagement. Le stage de deux ans auprès de JWL fait partie de l’éducation jésuite, explique le jeune religieux à kath.ch. Qui explique sur Facebook, dont il est un utilisateur assidu, que seulement 1% de tous les réfugiés de moins de 30 ans ont accès à l’enseignement supérieur. Et que de nombreuses personnes sont coupées de l’enseignement universitaire en raison de leur origine, de leur genre ou de leur lieu de résidence.
Plus de 4’000 bénéficiaires, dont une majorité de femmes
«Les jésuites – fidèles à leur tradition d’éducation de 450 ans – apportent une réponse à cette détresse. Plus de 4’000 personnes dans le monde sont inscrites à nos cours mixtes d’apprentissage en ligne (une combinaison de leçons numériques et analogiques). La majorité d’entre eux – 57 % – sont des femmes!» Il existe aujourd’hui plus de 30 communautés d’apprentissage de cette sorte dans 14 pays du monde.
Dans ses centres d’apprentissage, les étudiants/tes peuvent participer à des cours de langue, des cours de formation professionnelle et des cursus délivrant un diplôme et une licence. Internet permet de mettre à disposition dans le monde entier, rapidement et à moindres frais, un programme de formation de qualité. Pour cela, JWL travaille sur place avec des partenaires tels que le HCR (l’agence des Nations Unies pour les réfugiés), le JRS (le Service des jésuites pour les réfugies) et les Provinces jésuites.
Une sorte d’»aumônier universitaire international»
Pascal Meyer est un adepte de la communication moderne, mettant par exemple en ligne sur YouTube des vidéos avec des voix d’étudiants qui saluent le programme d’apprentissage dont ils sont bénéficiaires et qui remercient pour la tablette qui leur a été remise. Mais faire de la publicité n’est pas sa tâche la plus importante, souligne-t-il. Il se voit plutôt comme un «aumônier universitaire international». Mais, dans ce contexte pluri-religieux, le jésuite ne développe pas des conversations spirituelles-religieuses au sens étroit du terme. Il entretient des relations avec les étudiants qui suivent un cours ou un programme de licence à la JWL dans différents endroits du monde.
Le Covid-19
Pascal Meyer s’est déjà rendu dans des groupes d’étude dans le nord de l’Afghanistan, le nord de l’Irak et dans les camps de réfugiés africains de Dzaleza au Malawi et de Kakuma au Kenya. Il a vu comment les projets se déroulent, a photographié et filmé sur place. Aujourd’hui, à cause de la pandémie, il n’a plus la possibilité de voyager.
Les camps de réfugiés sont fermés aux étrangers. Le religieux reste cependant en contact avec eux par le biais de WhatsApp et de courriels. Et il accompagne maintenant un cours d’apprentissage en ligne pour les enseignants en Europe, que JWL vient de lancer. Le jésuite s’intéresse aux préoccupations des élèves et à la bonne ambiance entre les professeurs et les élèves. Le retour d’information est important pour adapter le cours, dit-il. Il renvoie ces «feedbacks» aux lieux concernés – au centre administratif du projet à Genève et à chaque université qui est partenaire de l’offre éducative. (cath.ch/kath.ch/be)
Pascal Meyer, une enfance près de Zurich
Pascal Meyer est né le 30 septembre 1983 à Kilchberg ZH et a grandi dans la vallée de la Sihl, près de Zurich. Après avoir effectué un apprentissage commercial et son service militaire, il a étudié l’histoire et l’histoire de l’art à l’Université de Zurich. Entré chez les jésuites en 2013, Pascal Meyer fait sa «régence» au sein du Jesuit Worldwide Learning (JWL) à Genève. Il travaille à Carouge où se trouvent les bureaux de JWL et habite à Plainpalais avec les jésuites de St-Boniface. Il voyage régulièrement sur les lieux où JWL déploie ses enseignements pour rencontrer les étudiants. Il partage ses impressions et ses expériences sur les réseaux sociaux. JB