Pas question d’un statut spécial pour préserver l’identité de Jérusalem
Jérusalem: La position du Vatican sur la Palestine «irrite» Israël
Jérusalem, 30 novembre 2012 (Apic) Le vote très majoritaire de l’Assemblée générale des Nations Unies du 29 novembre 2012 accordant le droit à la Palestine de devenir un Etat observateur à l’ONU, a été salué par le Saint-Siège. Ce dernier réclame la reconnaissance d’un statut spécial internationalement garanti pour la ville de Jérusalem, une position qui irrite au plus haut point les responsables israéliens.
Dans la presse israélienne du 30 novembre, la position du Vatican est à plusieurs reprises vivement critiquée. De nombreuses lettres de lecteurs s’en prennent violemment aux responsables de l’Eglise catholique, notamment dans l’édition du 30 novembre du «Jerusalem Post». Le Vatican est sommé de se taire par plusieurs lecteurs défendant la position intransigeante d’Israël, en arguant du scandale de la pédophilie ou de l’attitude de l’Eglise durant la shoah.
Préserver l’identité et le caractère de Jérusalem en tant que Ville Sainte
Le Saint Siège demande seulement de «préserver la liberté de religion et de conscience, l’identité et le caractère de Jérusalem en tant que Ville Sainte, ainsi que le respect des Lieux Saints qui s’y trouvent et l’accès à ces mêmes Lieux Saints».
L’occasion est propice, écrit le Saint-Siège dans un communiqué, «pour rappeler également la position commune exprimée par le Saint-Siège et l’OLP (l’Organisation de Libération de la Palestine, ndr) dans leur accord fondamental du 15 février 2000, en faveur de la reconnaissance d’un statut spécial internationalement garanti pour la ville de Jérusalem».
Pour l’existence de deux Etats
Le Saint-Siège estime en outre que ce vote à l’ONU doit se situer «dans le cadre des efforts visant à trouver une solution définitive, avec le soutien de la communauté internationale, à la question déjà abordée par la Résolution 181 du 29 novembre 1947 par l’Assemblée générale des Nations Unies. Ce texte a posé les bases juridiques de l’existence de deux Etats. Un des deux a déjà vu le jour, l’autre n’a pas été créé dans les soixante-cinq années qui ont suivi».
Le Vatican ne reconnaît pas, même indirectement, la souveraineté israélienne sur Jérusalem-Est, annexée illégalement par Israël en regard du droit international. Le fait que le Vatican appelle – depuis longtemps déjà – à l’établissement d’un statut spécial internationalement garanti pour Jérusalem est de nature à «irriter Israël», peut-on lire dans l’édition du 30 novembre du quotidien israélien «Haaretz». Cette réaffirmation de la position vaticane, qui était restée en sommeil pendant des années, va contrarier Israël, qui prétend qu’il n’y a pas besoin d’un statut international pour Jérusalem, parce que ces garanties existent déjà dans la Jérusalem «réunifiée», peut-on lire.
Israël rejette la demande du Vatican d’un statut spécial pour Jérusalem
Israël a déclaré unilatéralement Jérusalem comme sa capitale «unie et éternelle» en 1980 après l’annexion de Jérusalem-Est, suite à la Guerre des Six Jours de 1967. Les puissances mondiales n’ont pas reconnu cette annexion, qui fait fi du respect du droit international. De leur côté, les Palestiniens considèrent que Jérusalem-Est doit être la capitale de leur Etat.
«Haaretz» rappelle qu’Israël a toujours rejeté l’idée d’un quelconque statut international pour Jérusalem, contrairement au Vatican. Le journal, citant un diplomate israélien connaisseur des relations entre le Vatican et Israël, estime que la réaffirmation de la position du Vatican va être reçue négativement par l’Etat juif.
Le Vatican et Israël ont établi des relations diplomatiques complètes en 1994. De hauts responsables, au sommet de l’Eglise, ont fait part à l’Apic il y a quelques mois de leurs doutes quant à la réelle volonté d’Israël de conclure un accord réglant définitivement les questions fiscales juridico-financières entre les 2 parties, et de le concrétiser sur le terrain. Les discussions interminables traînent depuis près de 13 ans, alors qu’Israël s’en tient à l’»accord fondamental» signé par le Saint-Siège le 30 décembre 1993.
Benoît XVI a lancé un appel à la réconciliation
Tant le pape Jean Paul II que le pape Benoît ont fait preuve d’ouverture et ont visité l’Etat d’Israël et les Territoires palestiniens. Le 15 mai 2009, à son départ de l’aéroport international de Tel Aviv, à la fin de son pèlerinage en Terre Sainte, le pape Benoît XVI s’est exprimé en ces termes: «Plus de sang versé ! Plus de combats ! Plus de terrorisme ! Plus de guerre ! Au contraire, engageons-nous à briser le cercle vicieux de la violence. Que règne une paix durable basée sur la justice, et que viennent une réconciliation authentique et une pacification ! Puisse être reconnu universellement que l’Etat d’Israël a le droit d’exister, de jouir de la paix et de la sécurité à l’intérieur de frontières reconnues internationalement ! De même puisse être reconnu le droit du peuple palestinien à une patrie souveraine et indépendante pour y vivre dans la dignité et se déplacer librement ! Puisse la solution des deux Etats devenir une réalité, et ne pas demeurer seulement un rêve !»
Justice pour tous!
Dans le sillage de cet appel, Mgr Dominique Mamberti, secrétaire pour les Rapports avec les Etats, dans une intervention devant l’Assemblée générale de l’ONU en 2011, a souhaité que les organes compétents des Nations Unies prennent une décision qui permette la réalisation concrète d’un tel objectif.
Pour le Saint-Siège, le vote du 29 novembre 2012 exprime les sentiments de la majorité des membres de la communauté internationale et accorde aux Palestiniens une présence plus significative au sein des Nations Unies. «Dans le même temps, le Saint-Siège est convaincu que ce résultat ne représente pas, à lui seul, une solution suffisante aux problèmes de la région: pour y répondre de manière adéquate il faudra, en effet, s’engager résolument en faveur de la construction de la paix et de la stabilité dans la justice et dans le respect des aspirations légitimes, aussi bien des Israéliens que des Palestiniens». (apic/com/haar/be)