Pas encore d’argent de la Confédération pour des projets concrets

Berne: Pourparlers entre la fédération des ONG évangéliques «Interaction» et la DDC

Berne, 11 mars 2010 (Apic) Des contacts ont lieu depuis quatre ans entre «Interaction», la fédération des ONG évangéliques suisses, et la Direction du développement et de la coopération (DDC) de la Confédération. Une réunion de suivi a eu lieu mercredi 9 mars, mais «Interaction» devra encore attendre un moment pour bénéficier de fonds de la DDC, a déclaré à l’Apic Jean-Daniel André, coordinateur romand de la campagne évangélique «StopPauvreté» (*).

Interrogé par l’Apic, Konrad Specker, chef du secteur «Partenariats institutionnels» à la DDC, a confirmé que des discussions ont lieu avec «Interaction». Mais il n’y a pas de négociations d’une contribution à «Interaction» en cours, a-t-il souligné. Certaines organisations membres de cette fédération d’ONG évangéliques sont toutefois au bénéfice de contributions à des projets individuels de la DDC, soit directement soit à travers des fédérations cantonales de coopération ou à travers plateforme UNITE (qui regroupe 25 ONG envoyant des volontaires dans les pays du Sud et accueillant des personnes du Sud en Suisse).

Potentiels et risques de la religion dans la coopération au développement

Les critères des contributions de la DDC sont les mêmes pour toutes les ONG. (Cf. www.ddc.admin.ch/fr/Accueil/Activites/Cooperation_au_developpement_avec_le_Sud/Partenaires). La DDC accomplit environ 30% de ses activités de coopération bilatérale au développement avec les pays du Sud par l’intermédiaire d’ONG suisses et d’organisations privées agissant pour le développement. Dans le contexte de sa Stratégie 2010, la DDC poursuit la consolidation de sa collaboration avec des organisations de la société civile, à la recherche de formes novatrices de dialogue.

Dans la même logique qui veut que les ONG à base religieuse, les «Faith Based Organisations» (FBO), ne soient pas considérées comme une catégorie séparée, la DDC n’a pas développé de critères de qualité spécifiques pour ce type d’organisations. Par contre, la DDC a établi des critères de qualité généraux pour l’approche des potentiels et des risques de la religion et de la spiritualité dans la coopération au développement, note Konrad Specker. Ces critères sont publiés dans la brochure «Suites pratiques – méthodes et instruments, 2009» du projet «Rôle et signification de la religion et de la spiritualité dans la coopération au développement».

Cette brochure présente des méthodes et des instruments éprouvés pour analyser et observer les effets de facteurs religieux ayant des incidences en matière de développement. (Cf.www.ddc.admin.ch/fr/Accueil/Documentation/Publications/Details_d_une_publication?itemID=178583)

«Interaction» regroupe une quinzaine d’organisations actives dans le développement

Au départ groupe de travail du Réseau évangélique suisse (**), «Interaction» est devenue une association il y a un peu plus de deux ans. Elle regroupe pour le moment une quinzaine d’organisations actives dans le développement, qui ont un chiffre d’affaires qui dépasse les 40 millions de francs. «On pourrait comparer leur travail à celui de Caritas, elles ne font pas du prosélytisme ou de l’implantation d’Eglises», note Jean-Daniel André.

«Comme toutes les ONG dans ce cas, nous devons prouver que nous n’instrumentalisons pas l’aide à des fins religieuses… Mais la DDC reconnaît que derrière toute démarche d’aide, en arrière-fond, il y a une motivation, qu’elle soit religieuse, politique, ou tout simplement humanitaire. Même les gens apolitiques voire athées ont des convictions», ajoute-t-il.

Konrad Specker relève que les ONG à base religieuse qui souhaitent bénéficier de fonds publics doivent répondre aux mêmes exigences de compétence, de savoir-faire, de professionnalisme et de transparence que tous les autres acteurs du développement. Ainsi, les ONG évangéliques doivent proscrire de leur aide humanitaire toute activité religieuse incitant par exemple à la conversion. Pour Jean-Daniel André, plus de 50% de l’aide au développement au plan mondial est apporté par des ONG à base religieuse. Le coordinateur romand de la campagne évangélique «StopPauvreté» est également conscient que dans l’aide au développement, «il faut se garder des dérapages et du prosélytisme».

(*) La campagne «StopPauvreté.2015» fait partie du mouvement international «Défi Michée» initié par l’Alliance évangélique mondiale. La campagne «StopPauvreté» est un volet des activités d’»Interaction», un groupe de travail du Réseau évangélique suisse qui regroupe 15 organisations actives dans le domaine du développement. Au travers de sa campagne «StopPauvreté.2015», «Interaction» s’investit pour la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement. La campagne est soutenue par la Fédération romande d’Eglises évangéliques (FREE).

(**) L’Alliance évangélique suisse (AES) est un mouvement de chrétiens issus des Eglises réformées et évangéliques. L’organisation faîtière, dont le Réseau évangélique (RES) constitue la branche romande, regroupe environ 550 Eglises réformées et évangéliques et une centaine d’organisations. Sa base est estimée à quelque 250’000 personnes. Son groupe de travail «Interaction», qui est maintenant une association, s’occupe des questions liées au développement. (apic/be)

11 mars 2011 | 11:25
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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