Jakaya Kikwete, président de la République de Tanzanie (Photo: wikimedia commons)
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Pas d'islamisation, la Tanzanie reste un Etat laïc, assure le président Kikwete

Dar-es-Salam, 31 mars 2015 (Apic) La Tanzanie reste un Etat laïc, a assuré le président tanzanien Jakaya Kikwete aux chefs des différentes confessions religieuses. Le référendum en vue de l’approbation de la nouvelle Constitution de la Tanzanie, prévu pour le 30 avril prochain, pourrait être repoussé pour des motifs organisationnels et suite aux polémiques relatives à l’institution des cours islamiques insérées dans le texte de la Constitution.

Interpellé par les responsables des diverses confessions religieuses sur trois questions fondamentales – la paix, le projet de nouvelle Constitution et la cour islamique (tribunal de cadis) pour juger les affaires sociales des musulmans, tels que mariages, divorces, adoptions de mineurs ou héritages – Jakaya Kikwete a rappelé la position du gouvernement. Ce dernier n’a pas l’intention de se mêler de la création d’une cour islamique ni de sa gestion, «la Tanzanie restant un Etat laïc».

Des «interprétations trompeuses» sur les cours de cadis

«Différentes interprétations trompeuses sur cette cour ont été distillées, et certaines d’entre elles, malheureusement tendent à en faire une affaire politique», a-t-il déploré, relevant que les débats au Parlement, sur ce sujet, ne visaient pas à introduire la cour de cadis dans la Constitution, mais plutôt d’obtenir la reconnaissance juridique des questions déterminées par ce tribunal. «Ces questions, a-t-il poursuivi, sont liées au divorce, à l’héritage, etc…, donc loin des infractions pénales».

Le système juridictionnel de Zanzibar diffère de celui de Tanzanie en ce qu’il maintient les cours islamiques parallèlement au système normal. Sur le continent, en Tanzanie, des lois laïques régissent les affaires criminelles et civiles des chrétiens et des musulmans, sauf dans certains domaines du droit de la famille. Les chrétiens peuvent choisir le droit civil, et les musulmans, le droit islamique.

Les cours islamiques sont déjà en fonction dans l’archipel de Zanzibar

L’Eglise catholique a exprimé de fortes perplexités quant à l’extension au reste du territoire national des cours islamiques, qui sont déjà en fonction dans l’archipel de Zanzibar où la majorité de la population est musulmane. Certains ecclésiastiques ont affirmé que les cours islamiques ne devraient pas bénéficier de la protection de l’Etat, dans une nation laïque comme la Tanzanie. La position officielle de l’Eglise, exprimée par la Conférence épiscopale de Tanzanie, n’appelle pas au boycott, mais elle affirme que certains articles de la nouvelle Constitution peuvent mener la société dans la «mauvaise direction».

Réagissant au sujet de la nouvelle Constitution soumise à référendum, le président Kikwete a déclaré que «la décision prise par certains dirigeants de confessions religieuses d’appeler leurs fidèles à voter contre n’était pas appropriée, car elle conduit à la violation de la liberté de choix par ces dirigeants».

«Le projet de nouvelle Constitution, a-t-il dit, répond, plus que jamais, aux besoins de tous les groupes sociaux» du pays. Les droits des femmes, les droits des enfants, le code d’éthique entre les dirigeants et les fonctionnaires, y sont, entre autres, clairement stipulés. (apic/ibc/fides/be)

 

Jakaya Kikwete, président de la République de Tanzanie
31 mars 2015 | 15:49
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 2  min.
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