Pas d'enquête pour incitation à la haine contre le professeur Hauke
Le parquet de Cologne n’ouvrira pas d’enquête contre l’éditeur de la revue «Theologisches», Manfred Hauke, pour l’accusation d’incitation à la haine. dans un éditorial, le professeur de théologie de Lugano avait qualifié les prêtres gays de «criminels».
Le procureur n’a pas pu constater de soupçon de délit pénal, a déclaré, le 1er décembre 2020, à l’agence de presse catholique KNA, son porte-parole Ulf Willuhn.
Manfred Hauke est l’éditeur de la revue Theologisches et enseigne la dogmatique à la faculté de théologie de Lugano. Dans l’éditorial du numéro de septembre/octobre, il défendait un article du prêtre polonais Dariusz Oko, paru dans le numéro de janvier, qui avait fait scandale en raison de ses déclarations homophobes.
Un prêtre allemand dénonce Hauke
Dans ce texte, Manfred Hauke qualifiait les prêtres gays de «criminels». Mais l’ensemble du passage disait : «Même les criminels ont une dignité humaine qui doit être respectée». Un prêtre allemand,Wolfgang Rothe, a alors déposé une plainte pénale contre l’éditeur de Theologisches. L’accusation portait sur l’incitation à la haine envers une catégorie de personnes déterminées.
Injure violente, mais pas d’atteinte à la dignité humaine
Le parquet considère certes la qualification de prêtres homosexuels de «criminels» comme une insulte, une violente injure et une attaque contre les droits de la personne, mais pas comme une atteinte à la dignité humaine, qui relèverait de l’infraction d’incitation à la haine. C’est ce qui ressort d’un courrier du ministère public à Wolfgang Rothe, dont kath.ch a eu connaissance.
Selon la jurisprudence de la Cour fédérale de justice, la plus haute juridiction d’Allemagne, il n’y a atteinte à la dignité humaine que si le droit des personnes attaquées à vivre avec une égale dignité dans la communauté étatique est contesté. Du point de vue du procureur, ce n’est pas le cas des déclarations de Manfred Hauke.
«Il était juste de porter plainte»
Wolfgang Rothe admet que la décision du procureur est juridiquement correcte, comme il l’a fait savoir à kath.ch. «En dépit de cela, il était juste de porter plainte», explique-il. Car le procureur est tout de même parvenu à la conclusion qu’en traitant les prêtres homosexuels de criminels, Hauke avait proféré une violente injure et une attaque contre les droits de la personne.
Il se demande comment un tel comportement fautif, désormais officiellement constaté, est compatible avec son statut de prêtre catholique, de professeur ordinaire d’une faculté de théologie et de membre d’une commission pontificale. Manfred Hauke n’était pas joignable pour une prise de position.
Dénonciation également en Suisse
En Suisse, l’organisation gay «Pink Cross» a également déposé une plainte pénale contre le professeur de dogmatique. Elle reproche à Hauke une violation de la norme pénale antiraciste, à laquelle le peuple suisse a ajouté l’orientation sexuelle en février 2020.
«Pink Cross» estime que le professeur porte une responsabilité en tant qu’éditeur de la revue pour l’article de Dariusz Oko. Le prêtre polonais y qualifiait notamment les homosexuels de «parasites impitoyables», de «fléau» et de «cancer prêt à tuer son hôte».
Ordonnances pénales contre Dariusz Oko et le rédacteur en chef
Dans le cas d’Oko et de Johannes Stöhr, rédacteur en chef de Theologisches, le tribunal d’instance de Cologne a émis en juillet dernier des ordonnances pénales pour incitation à la haine, d’un montant de plusieurs milliers d’euros chacune. Leurs déclarations sont de nature à troubler la paix publique et à inciter à la haine contre une partie de la population, a justifié le tribunal. Les deux auteurs ont fait appel de la décision. (cath.ch/kath.ch/bal/mp)