Pas de communion pour les divorcés-remariés, mais des pistes à creuser
Rome, 21.10.2015 (cath.ch-apic) Une large majorité de Pères synodaux se montrent fermement opposés à l’accès à la communion pour les divorcés remariés, mais proposent des pistes pastorales encore à creuser. C’est ce qui ressort des rapports des 13 groupes linguistiques publiés le 21 octobre 2015, au terme de trois semaines de labeur et à trois jours du vote du rapport final du synode sur la famille. Regrettant le manque de temps pour étudier ce sujet épineux, certains suggèrent la création d’une commission spéciale post-synodale pour apporter une réponse plus approfondie.
Pour la majorité des Pères synodaux, c’est non. On ne peut accorder le sacrement de l’Eucharistie aux divorcés remariés, au risque de bouleverser la doctrine de l’Eglise sur le sacrement du mariage. «Par rapport à leur accès aux sacrements, le Circulus s’est prononcé pour le maintien de la discipline actuelle», écrit ainsi un groupe francophone. La majorité des Pères synodaux d’un groupe anglophone souhaitent quant à eux affirmer la pratique et l’enseignement actuels de l’Eglise sur la participation à l’Eucharistie des divorcés remariés.
Ce même groupe se prononce contre la possibilité de déléguer la pratique pastorale concernant la réception du sacrement de l’Eucharistie par les divorcés remariés aux conférences épiscopales. «Procéder ainsi, estiment les participants, risque de blesser l’unité de l’Eglise catholique, la compréhension de l’ordre sacramentel, et le témoignage de vie du fidèle». Un groupe italophone en revanche, envisage un discernement pastoral prudent sous l’autorité finale de l’évêque, affirmant que les conférences épiscopales sont appelées à mûrir des critères communs adéquats aux situations des Eglises particulières. Un autre appelle à discerner sous l’égide d’un évêque et de prêtres désignés les situations individuelles avec des critères communs selon la vertu de prudence. Un groupe francophone, quant à lui, fait appel au discernement responsable des évêques, chacun dans son diocèse.
Familiaris Consortio
«Il y a eu peu d’enthousiasme concernant ce que l’Instrumentum Laboris appelle ›un chemin pénitentiel’» permettant l’accès à la communion, assure un autre groupe anglophone. Le vote final de ce groupe a même demandé de remplacer les paragraphes 122 à 125 par une affirmation de la discipline actuelle de l’Eglise et de recommander les formes de participations mentionnées dans Familiaris Consortio 84, l’Exhortation apostolique de Jean-Paul II. Les paragraphes 122 à 125 de l’Instrumentum Laboris concernent la possibilité d’un chemin pénitentiel et la communion spirituelle, au lieu d’une communion sacramentelle.
Un autre groupe demande aussi d’inclure directement le point n°84 de Familiaris Consortio (1981) dans le rapport final du synode. Ce passage du texte de Jean-Paul II recommande de bien discerner les situations entre ceux qui ont été abandonnés et ceux qui ont par leur faute détruit le mariage, mais n’admet pas à la communion eucharistique les divorcés remariés. Seuls ceux qui choisissent la continence peuvent accéder au sacrement de réconciliation, puis au sacrement eucharistique.
Le groupe germanophone, soulignant qu’il n’y a pas de solution simple et générale sur cette question, invite lui aussi à s’inspirer du point n°84 de Familiaris Consortio pour mieux discerner les critères aidant à différencier les situations. «Les divorcés remariés doivent se demander comment ils ont fait avec leurs enfants, lorsque l’union conjugale est entrée en crise? Y avait-il des tentatives de réconciliation? Quelle est la situation du partenaire abandonné? Quel est l’impact du nouveau partenaire sur l’autre famille?», propose ainsi ce rapport. Ce chemin de contemplation et de la pénitence doit aider à la formation de la conscience personnelle et à clarifier combien la possibilité de l’accès aux sacrements est lointaine, ajoute le rapport.
Une commission post-synodale sur le sujet
Les Pères synodaux demandent cependant un meilleur accueil des personnes divorcées remariées dans l’Eglise: «elles ne peuvent être parrains, elles ne peuvent être catéchistes, ni donner des cours de religion… regrette un groupe hispanophone. Nous devons montrer que nous avons entendu leur cri». Un groupe francophone assure lui aussi s’être interrogé sur la nécessité du maintien de certaines limites actuelles (être lecteur, participer au conseil pastoral). De même, un groupe demande de retirer certaines formes d’exclusion liturgique, éducative, pastorale encore existantes. Un groupe anglophone propose en outre de remplacer l’expression être exclu de la communion par le fait de s’abstenir.
De nombreux groupes relèvent finalement le manque de temps pour examiner les questions délicates et difficiles. Dès lors, plusieurs suggèrent la mise en place d’une commission post-synodale qui approfondirait la question des divorcés remariés. Un groupe anglophone propose ainsi d’établir pendant l’année jubilaire de la miséricorde, une commission spéciale pour étudier en profondeur comment la discipline de l’Eglise qui découle de l’indissolubilité du mariage s’applique aux personnes en unions irrégulières. Un autre souhaite une commission pour étudier le problème de la communion aux divorcés remariés sur une longue période avec de plus grandes précisions théologiques. Un groupe de travail déplore quant à lui le manque de temps et énumère d’autres sujets importants oubliés des discussions, comme les parents célibataires, le rôle des parrains et marraines, la question des abus sexuels et de l’inceste dans les familles, etc.
Autre idée envisagée par un groupe italophone : confier au Saint-Père l’approfondissement du rapport entre l’aspect de communion et l’aspect médicinal de la communion eucharistique, en référence au Christ et à l’Eglise. Plutôt que d’approfondir ou de revoir la doctrine sur le mariage, l’Eglise approfondirait ainsi celle sur le sacrement eucharistique. (apic/imedia/bl/mp)