Pas de célébrations pour les 75 ans des 'apparitions de Lipa'
Le Dicastère pour la Doctrine de la foi du Vatican a demandé aux évêques philippins de «dissuader» toute activité allant à l’encontre de la décision officielle de l’Église sur les prétendues apparitions mariales à Lipa.
Le cardinal Luis Ladaria, préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, a déconseillé aux évêques d’autoriser des manifestations marquant le 75e anniversaire des prétendues apparitions, rapporte, le 30 juillet 2023, la Conférence des évêques des Philippines. Dans une lettre à la Conférence épiscopale, le cardinal déclare qu’il ne serait pas souhaitable que les évêques autorisent un tel événement organisé par la «Confraternité de Marie Médiatrice de toutes Grâces».
Le cardinal a rappelé la décision prise par le Vatican en 1951, selon laquelle les prétendues apparitions de Lipa n’ont «aucune origine ni aucun caractère surnaturel» ainsi qu’un second avis similaire de 2015. Mgr Pablo Virgilio David, président de la conférence épiscopale, a transmis la lettre du cardinal aux diocèses, qui réaffirme que la décision du Vatican sur la question «reste définitive».
Des apparitions controversées
Les apparitions de la Vierge Marie auraient eu lieu à Lipa, ville des Philippines, à 19 reprises au cours de l’année 1948 à une jeune postulante carmélite, Teresita Castillo. Dès les premières années, ces évènements font l’objet de débats: elles sont rejetées officiellement par l’Église catholique en 1951 après l’étude par une commission d’experts, mais le dossier est rouvert par l’évêque de Lipa dans les années 1990. Il autorise à nouveau la dévotion à Notre-Dame de Lipa. En 2005, une nouvelle commission reprend l’étude des « apparitions de la Vierge » à la demande de l’évêque du lieu. Cette enquête se conclut le 12 septembre 2015 par la publication d’un décret signé de Mgr Ramón Cabrera Argüelles qui reconnaît comme «authentiques» les manifestations survenues dans le Carmel de Lipa. Mais le 1er décembre 2015, la Congrégation pour la doctrine de la foi rédige un décret, qui sera publié le 31 mai 2016, déclarant que « les apparitions de la Vierge à Lipa ne sont pas authentiques ». En conséquence de quoi, la congrégation vaticane annule toutes les décisions antérieures de Mgr Argüelles.
Un sanctuaire construit dans les années 1950
Un sanctuaire est construit dans les années 1950 près du lieu des apparitions. Si toute dévotion officielle envers «la Vierge de Lipa» était totalement interdite de 1951 jusqu’en 1990, à partir de cette date, la statue est ré-exposée à la vénération des fidèles et le pèlerinage se développe. En 2005, le 12 septembre (en référence à la date des apparitions) est déclaré « journée de pèlerinage national » par Mgr Argüelles. En 2007, la présidente du pays, Corazon Aquino déclare cette même date Jour national de la Prière pour la Paix et la Réconciliation. En janvier 2015, le pape François se recueille devant une image de Notre-Dame de Lipa. Le sanctuaire de Notre-Dame de Lipa reste aujourd’hui l’un des plus fréquentés des Philippines.
Marie médiatrice de toutes grâces
Le terme de «Marie médiatrice de toutes grâces», qu’aurait utilisé la Vierge lors des apparitions, est sujet à une controverse théologique dans l’Église catholique, avec des partisans et ses opposants. La constitution duConcile Vatican II Lumen gentium précise (no 62): «C’est pourquoi la bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Église sous les titres d’avocate, auxiliatrice, secourable, médiatrice, tout cela cependant entendu de telle sorte que nulle dérogation, nulle addition n’en résulte quant à la dignité et à l’efficacité de l’unique Médiateur, le Christ Aucune créature en effet ne peut jamais être mise sur le même pied que le Verbe incarné et rédempteur…» (cath.ch/com/mp)