Colloque pour le cinquantenaire de la mort de René Guénon

Paris: Redécouvrir René Guénon, métaphysicien français converti à l’islam

Paris, 30 novembre 2001 (APIC) L’Ecole pratique des hautes études (Ephe) et la revue «Politica Hermetica» organisent à Paris, les 1er et 2 décembre, un colloque intitulé «René Guénon, lectures et enjeux». On fête cette année le cinquantenaire de la mort de ce métaphysicien français converti à l’islam. L’influence de ce précurseur du dialogue interreligieux est considérable, y compris en Suisse où il eut pour disciples des intellectuels comme Fritjhof Schuon et Titus Bürckhardt.

L’intitulé des exposés et tables rondes du colloque «René Guénon, lectures et enjeux» dresse, un premier aperçu de cette influence. «Guénon et le bouddhisme», «Guénon et l’islam», «le regard porté par les maçons français sur l’?uvre de Guénon». Ou encore: «Approches littéraires de Guénon». Sans oublier: «Des réactions catholiques: entre hostilité et méfiance».

Né en 1886 dans la bourgeoisie catholique de province, René Guénon, après avoir écumé des cercles ésotériques plus ou moins sérieux, s’est voué très vite à l’étude de ce qu’il appelait «La science sacrée» ou «l’orthodoxie traditionnelle». Dans vingt-sept ouvrages et des centaines d’articles, il développe sa thèse d’une unité transcendante des religions. Il publia notamment une «Introduction générale à l’étude des doctrines hindoues» et «L’homme et son devenir selon le Védanta».

Bien que n’ayant pas reçu le label de l’université, dont il critiquait l’approche réductrice, ethnocentriste, ces livres firent date. De même que son analyse de «La crise du monde moderne» et du «Règne de la quantité et les signes des temps». Il fut ainsi l’un des tout premiers à développer une critique radicale du «progrès» dans lequel il voit la source de tous les maux d’un Occident coupable d’avoir oublié Dieu.

André Malraux faisait grand cas de ses ouvrages. Mais aussi des écrivains comme André Gide, Drieu la Rochelle, André Breton, René Daumal, Louis Pauwels ou Antonin Artaud.

Exil en Egypte en 1930

Son ?uvre n’a pas marqué seulement les cercles littéraires mais aussi des hommes en quête d’initiation spirituelle. Son exil en Egypte en 1930 et sa rencontre avec le soufisme (ou dimension spirituelle de l’islam) et même ses «Aperçus sur l’ésotérisme islamique», ont valeur archétypale pour nombre de convertis européens à l’islam. Parmi eux, les Suisses Fritjhof Schuon et Titus Bürckhardt. Le premier écrivit lui aussi une ?uvre abondante, dont «Comprendre l’islam», livre qui fait toujours référence, et il attira à lui de nombreux admirateurs. Le second, auteur de «Principes et méthodes de l’art sacré,» travailla notamment à la rénovation de la médina de Fès, au Maroc. Tous deux furent introduits en Algérie dans la confrérie soufie alawiya.

Grande ouverture aux autres religions

Ces convertis européens d’hier et d’aujourd’hui, sont, de par leur double culture et comme Guénon lui-même, des passeurs entre l’Orient et l’Occident. Donc à même d’aider l’islam à se moderniser et à se structurer. Ainsi Eric Geoffroy. Islamologue spécialiste du soufisme, lui-même membre d’une confrérie soufie, il fait partie de la consultation sur l’islam, en charge de l’organisation du culte et de la représentativité des musulmans de France. Il animera ce week-end la table ronde sur «Guénon et l’islam». Lui aussi membre de la consultation sur l’islam, Dalil Boubakeur a pour sa part écrit dans «As Salam», la revue de la grande mosquée de Paris dont il est le recteur, un long article intitulé «René Guénon et l’islam: la tradition islamique et monde moderne».

Autant de lecteurs attentifs du métaphysicien français, tout comme Iama Denys Teundroup et Jean-Pierre Schnetzler, animateurs des centres de méditation tibétaine de Karma Ling et de Montchardon (Isère). Ou encore comme les charismatiques conférenciers Arnaud Desjardins (marqué par l’Inde) et Jean-Yves Leloup (théologien chrétien orthodoxe). Tous manifestent une grande ouverture aux autres religions, perçues comme autant de ramifications historiques du tronc original, la religion adamique primordiale. (apic/jcn/mk)

30 novembre 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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