Un impôt volontaire, principale source de financement de l’Eglise

Paris: Le denier de l’Eglise,100 ans après sa création, est en augmentation

Paris, 28 février 2006 (Apic) Après s’être tassé, le montant du denier de l’Eglise, l’impôt volontaire qui représente la principale source de financement de l’Eglise, augmente régulièrement depuis plusieurs années. Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Chambéry, président de la Commission épiscopale financière et du Conseil pour les affaires économiques, sociales et juridiques, l’a confirmé mardi devant la presse.

Cette progression est due essentiellement aux efforts des diocèses pour mieux communiquer. La progression du denier doit pourtant se poursuivre substantiellement pour permettre aux diocèses de France d’équilibrer recettes et dépenses. Ce que la plupart d’entre eux ne parviennent à faire aujourd’hui.

Votée le 9 décembre 1905 et toujours en vigueur, la loi de séparation des Eglises et de l’Etat stipule que «la République (..) ne salarie ni ne subventionne aucun culte.» En réponse, l’Eglise de France institua en 1906 le denier du clergé. Sorte d’impôt volontaire destiné à assurer la vie matérielle des prêtres. Au fil du temps, le denier du clergé est devenu le denier du culte puis le denier de l’Eglise. Une façon, explique Mgr Ulrich, d’exprimer que l’Eglise a, outre la fonction de célébration du culte, une fonction d’enseignement et une fonction d’exercice de la charité. Et de faire valoir qu’il «est normal que l’Eglise soit toujours en situation demanderesse, comme ce fut le cas au cours des siècles, qu’elle fasse confiance à la générosité des fidèles et à la Providence.»

15’000 prêtres en vivent, ainsi que 10’000 laïcs salariés

Aujourd’hui le denier de l’Eglise permet de faire vivre 15’000 prêtres dont 5’000 en activité, ainsi que 10’000 laïcs salariés, dont un petit nombre seulement est employé à temps plein. Bonne nouvelle: après un tassement, le denier de l’Eglise est reparti à la hausse. Depuis plus quelques années, il progresse même plus vite que l’indice des prix. En 1992, le denier de l’Eglise était équivalent à la somme de 154 millions d’euros. En 2004, à la somme de 194 millions d’euros. La même année 2004 (les résultats de 2005 ne sont pas encore connus), le denier du culte représentait la moitié des ressources de l’Eglise.

Celles-ci incluent, outre le denier, les quêtes et les offrandes spéciales (pour les mariages, enterrements, baptêmes, etc.) ainsi que les offrandes de messe. En 2004, les ressources de l’Eglise étaient estimées à 450 millions d’euros auxquels il faut ajouter 50 millions d’euros de legs. Un budget équivalent à celui du conseil général du département de la Loire ou de l’Ain.

12’000 bénévoles structurés en réseaux

La progression du denier de l’Eglise, qu’atteste l’augmentation du nombre de contributeurs (1,5 million de foyers en 2004), s’explique essentiellement par un réel effort des diocèses pour professionnaliser leurs campagnes de communication. Certains diocèses mettent carrément les bouchées doubles pour dynamiser la collecte.

Ainsi dans le diocèse de Lille, pas moins de 12’000 bénévoles structurés en réseaux font du porte-à-porte pour déposer dans un premier temps les enveloppes du denier, et, dans un deuxième temps, pour les ramasser. Cette opération, outre qu’elle permet de rencontrer les gens et d’être plus attentif à certaines détresses, permet d’économiser le timbrage de 575’000 enveloppes dont le coût s’élèverait à 150’000 euros !

Mgr Ulrich est pour sa part optimiste quant à la possibilité d’accroître le montant du denier de l’Eglise. Ils sont 10 % de la population à l’alimenter aujourd’hui. Mais si l’on considère que 80 % des Français désirent êtres enterrés à l’église, cela fait de la marge pour progresser, explique l’évêque.Parmi les zones les plus généreuses, on compte les départements de l’Ouest et les régions de montagne.

Situation financière des diocèses: globalement difficile

Qu’en est-il de la situation financière des diocèses ? Globalement elle est difficile, car la plupart n’équilibrent pas les dépenses et les recettes courantes. De là à parler de dépôt de bilan, il y a loin. Mais, concède Mgr Ulrich, nous sommes dans une situation qui n’est pas saine car elle nous oblige à puiser dans nos réserves. Ce qui suppose par exemple de revendre certains bâtiments. Aussi l’effort est-il porté dans chaque diocèse pour à la fois réduire les dépenses et augmenter les recettes, principalement le denier de l’Eglise. Si celui-ci a fait un joli bond en avant, il reste en deçà des nécessités de financement de l’Eglise de France. Celle-ci propose que les foyers versent de 1 à 2 % de leurs revenus annuels au denier. Cela indépendamment des efforts qu’ils peuvent faire pour financer tel ou tel projet humanitaire ou associations caritatives. (apic/jcn/be)

28 février 2006 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
Partagez!