Paris: Le cardinal Vingt-Trois appelle la nation française à l’unité et non à la haine
Paris, 11 janvier 2015 (Apic) «Une caricature, même de mauvais goût, une critique même gravement injuste, écrit le cardinal André Vingt-Trois, ne peuvent être mises sur le même plan qu’un meurtre». L’archevêque de Paris a appelé les Français à ne pas céder à l’affolement ou à la haine suite à l’attentat contre la revue satirique «Charlie Hebdo». Dans un message lu à l’issue des messes, dimanche 11 janvier, dans toutes les paroisses du diocèse de Paris, le cardinal Vingt-Trois appelle la nation à l’unité et non à la haine.
Suite aux événements dramatiques de ces derniers jours, le cardinal Vingt-Trois relève que la France et Paris en particulier «ont été cette semaine le théâtre d’actes de violence et de barbarie inouïes. Depuis de nombreuses années pour nous, la guerre, la mort, c’était toujours ailleurs même si, pendant ce temps, des soldats français étaient engagés en différents pays pour essayer d’apporter un peu de paix. Certains l’ont payé de leur vie».
Ne pas identifier quelques fanatiques avec une religion tout entière
Le cardinal a invité les catholiques de Paris à prier pour les victimes des terroristes, pour leurs conjoints, pour leurs enfants et leurs familles.
«Prions aussi pour notre pays: que la modération, la tempérance et la maîtrise dont tous ont fait preuve jusqu’à présent se confirment dans les semaines et les mois qui viennent; que personne ne se laisse aller à l’affolement ou à la haine; que nul ne se laisse aller à la facilité d’identifier quelques fanatiques avec une religion tout entière. Et prions aussi pour les terroristes qui découvrent la vérité du jugement de Dieu».
Une caricature ne peut être mise sur le même plan qu’un meurtre
La liberté de la presse est, quel qu’en soit le coût, le signe d’une société mûre, estime l’archevêque de Paris. «Que des hommes nés dans notre pays, nos concitoyens, puissent penser que la seule réponse juste à une moquerie ou à une insulte soit la mort de leurs auteurs place notre société devant de graves interrogations. Que des Français juifs paient encore une fois un tribut aux troubles qui agitent notre communauté nationale redouble encore leur gravité. Nous rendons hommage aussi aux policiers morts en exerçant jusqu’au bout leur fonction», écrit-il.
Pour le cardinal Vingt-Trois, le choc provoqué par cet attentat a appelé les citoyens français à redécouvrir un certain nombre de valeurs fondamentales de la République, comme la liberté de religion ou la liberté d’opinion. Il rend également hommage aux rassemblements spontanés de ces derniers jour marqués par un grand recueillement, sans manifestation de haine ni de violence. «La tristesse du deuil et la conviction que nous avons ensemble quelque chose à défendre unissent les Français».
La Conférence des évêques de France présente à la manifestation
En trois jours, trois tueurs – des fondamentalistes islamiques – ont assassiné 17 personnes, dont 12 dans l’attaque de «Charlie Hebdo», qu’ils ont accusé de profaner l’islam, et les autres dans la rue ou dans une prise d’otages à caractère antisémite, dans un supermarché kacher de Paris.
D’importantes forces de sécurité ont été déployées à Paris et dans la région parisienne dans le cadre du plan de protection antiterroriste Vigipirate alors qu’une manifestation monstre est organisée ce dimanche dans la capitale avec la participation du président François Hollande et de nombreux dirigeants étrangers. D’autres marches organisées dans plusieurs villes de France réunissent la quasi-totalité des responsables politiques français, syndicaux et religieux, ainsi que nombreuses personnalités du monde artistique et intellectuel. Le Premier ministre Manuel Valls a appelé le peuple français à crier son amour de la liberté et de la tolérance.
La Conférence des évêques de France est représentée à la manifestation par Mgr Stanislas Lalanne, évêque de Pontoise, et Mgr Pascal Delannoy, évêque de Saint-Denis. Les citoyens de confession musulmane ont été invités par leurs leaders religieux à rejoindre massivement les marches. Le pape François s’est associé par la prière à la peine des familles endeuillées et à la tristesse de tous les Français. (apic/radvat/com/be)