Le pape François, «nourri par ses travaux et sa réflexion», veut béatifier Blaise Pascal
Propos recueillis à Rome par Arthur Herlin, I.MEDIA
Au détour de son entretien-conversation avec le journaliste italien Eugenio Scalfari dans le quotidien La Repubblica du 8 juillet 2017, le pape François avait estimé, par conviction personnelle, que Blaise Pascal, philosophe et mathématicien français du XVIIe siècle mériterait la béatification.
Le pontife jésuite avait alors annoncé qu’il allait demander l’avis de la Congrégation pour les causes des saints. Influencé par la doctrine jansénistes – ardemment combattue par les jésuites – Blaise Pascal fut notamment l’auteur de lettres intitulées Les Provinciales, dans lesquelles il dénonçait la casuistique des jésuites, accusée de permettre un certain laxisme en matière de morale. Le pape les avait mises à l’index.
L’agence I.MEDIA a interrogé François Asensio, diacre du diocèse de Belley-Ars et postulateur de causes des saints en France, sur cette proposition de béatification du philosophe français.
Pourquoi le philosophe Blaise Pascal (1623-1662) pourrait-il être béatifié ?
Pascal est reconnu pour sa foi immense en Jésus-Christ. Ses connaissances ont nourri des générations de personnes. Je pourrais dire que c’est un héros dans la foi. Sa vie devra être étudiée sous l’angle de sa réputation de sainteté, à travers ses œuvres.
Qu’est-ce qui définit l’apport de Pascal à l’Eglise ?
Si le Saint-Père – jésuite qui plus est – souhaite cette béatification, c’est qu’il a été nourri lui-même par les travaux et la réflexion du philosophe et que cela lui a certainement permis de s’élever, et même d’exercer son pontificat. Gabriel Rosset, fondateur d’une œuvre de charité, dont je suis actuellement le postulateur, a profondément étudié Blaise Pascal.
Voici ce qu’il écrivait, pour inciter à l’effort: «Nous imitions dans notre enseignement, le père de Pascal qui, s’étant chargé lui-même de l’éducation de son fils, avait pour règle de ›tenir l’enfant au-dessus de son ouvrage’. Une pédagogie qui avait porté de tels fruits pouvait nous inspirer confiance. Pascal (…) avait exploré ces deux mondes du savoir, la littérature et la science dans lesquels nos grands élèves avaient tant de peine à entrer en même temps. La science de Pascal avait fait grandir sa foi au lieu de l’éteindre. Pascal, enfin un flambeau dans notre nuit ! Pour mes élèves, en qui je voyais comme Saint-Exupéry, des Mozart et des Pascal assassinés, je m’efforçais de faire ce que le père de Blaise Pascal avait fait avec son fils».
Quelles conditions devront-être remplies au préalable pour sa béatification ?
Le philosophe pourra être béatifié avant tout si c’est la volonté du Seigneur. Pour cela, une association, par exemple ‘les Amis de Blaise Pascal’, devra informer l’évêque du lieu où il est décédé [Paris, ndlr] de leur intention d’introduire la cause de béatification.
Si l’évêque le décide, une enquête pourra être ouverte afin de recueillir des témoignages, des documents et écrits concernant le philosophe. Une fois l’enquête diocésaine réalisée, l’évêque décidera – ou non – d’en transmettre les conclusions à Rome, à la Congrégation pour les causes des saints. Après étude du dossier, le serviteur de Dieu pourrait alors être cité au rang de vénérable. Il sera nécessaire par la suite d’attester qu’au moins une personne ait été miraculeusement guérie physiquement (et non pas psychologiquement) par Dieu par l’intercession du philosophe. Si un miracle est authentifié, prouvé, Pascal pourra être béatifié. (cath.ch/imedia/ah/be)