Pape François: «L’Europe n’est pas encore morte, elle est un peu grand-mère»
Rome, 12.09.2015 (cath.ch-apic) Forte de ses «racines chrétiennes», la vieille Europe doit être celle qui «montre le chemin», assure le pape François dans une interview accordée à la radio portugaise Renascença, rendue publique le 14 septembre 2015. Il exhorte la communauté internationale à «aller aux causes» de la crise actuelle des réfugiés, évoquant aussi les risques d’une «infiltration» terroriste sur le continent. Dans une interview à une radio argentine parue le même jour, le pape confie qu’il s’est parfois senti «utilisé» par des personnes se présentant comme ses «amis».
Au micro de la journaliste portugaise Aura Miguel, le pape François évoque longuement la question de l’immigration: «Nous voyons ces réfugiés, ces pauvres gens qui fuient la guerre, qui fuient la faim». Il dénonce alors la cause de ces situations, «un système économique injuste (…) qui a décentré la personne en mettant au centre le dieu argent», appelant la communauté internationale à «aller aux causes»: «Là où la cause est la faim, il faut créer des sources de travail, investir. Là où la cause est la guerre, il faut chercher la paix et travailler pour la paix».
Au détour d’une phrase, le pape ne cache pas qu’il existe un «danger d’infiltration» en Europe alors qu’une «guérilla terroriste extrêmement cruelle» se déroule «à 400 km de la Sicile».
Le pape pointe également du doigt le vieillissement de l’Europe: «L’Europe possède une culture exceptionnelle et doit se réapproprier sa capacité de leadership dans le concert des nations, c’est-à-dire redevenir l’Europe qui montre le chemin». «L’Europe n’est pas encore morte. Elle est un peu grand-mère mais elle peut redevenir mère», estime-t-il. Mais pour cela, elle doit «reconnaître ce qui est peut-être l’aspect le plus profond de cette identité: ses racines chrétiennes».
Taxes et popularité
Dans un style très libre, comme à son habitude, le pape François passe également en revue des sujets qui lui tiennent à cœur, entre autres l’éducation des jeunes, le fort taux de chômage auquel ces derniers sont confrontés, la mission de l’Eglise de sortir sur les routes, le Jubilé de la miséricorde et le prochain synode sur la famille.
Sur un sujet brûlant en Italie, il tance les couvents qui se lancent dans l’hôtellerie en continuant à bénéficier de l’exemption d’impôt en tant qu’établissement religieux: «Certaines congrégations disent ›comme le couvent est vide, nous allons en faire un hôtel, et nous pourrons recevoir des gens et ainsi subvenir à nos besoins’. Bien, si vous voulez faire cela, payez les impôts comme tout le monde. Sinon les affaires ne sont pas saines».
Le pape exprime enfin son détachement quant à sa popularité actuelle: «Parfois je me demande comment sera ma croix, comment est ma croix, parce qu’il y a des croix, même si elles ne se voient pas. Jésus aussi a été très populaire à une période, mais il a fini comme il a fini. (…) Pierre [aussi] est mort crucifié, donc je ne sais pas quelle sera ma fin. Qu’Il me donne la paix et que Sa volonté soit faite».
Un autre entretien réalisé fin août vient également d’être publié. Le pape parle à un ami argentin, Marcello Figueroa, journaliste à Radio Milenium à Buenos Aires. Dans une méditation très personnelle sur l’amitié, le pape déplore «l’amitié utilitariste»: «Moi-même je me suis senti utilisé par des personnes qui se sont présentées comme des amis», confie-t-il. Le pape aborde aussi la question de la création, traitée parfois par l’homme comme son «pire ennemi». (apic/imedia/ak/pp)