Pape François:  Il serait «catastrophique» que la COP21 se termine sans accord global

Dans un discours, le 26 novembre 2015, au siège des Nations unies à Nairobi, la capitale du Kenya, le pape François a clairement fait part de sa préoccupation à l’approche du sommet mondial de Paris sur le climat (COP21). Il serait «catastrophique» que la COP21 se termine sans accord global, a souligné avec force le pape qui a également appelé de ses vœux un système commercial international réellement équitable et «au service de la lutte contre la pauvreté». Le chef de l’Eglise a aussi dénoncé des trafics illégaux en Afrique qui alimentent la pauvreté, l’instabilité politique, le crime organisé et le terrorisme.

En visite au ›siège africain’ des Nations unies qui abrite les quartiers généraux du programme des Nations unies pour l’environnement et de l’ONU-Habitat, le pape a particulièrement évoqué «la rencontre importante sur le changement climatique» qui se déroulera dans la capitale française du 29 novembre au 11 décembre prochains. «Il serait triste et j’ose le dire, catastrophique, que les intérêts particuliers l’emportent sur le bien commun et conduisent à manipuler l’information pour protéger leurs projets», a affirmé le pape, alors que certains pays – parmi lesquels la Chine, plus gros pollueur de la planète – ne semblent pas prêts à faire de concession.

Un accord global et ›transformateur’

Dans ce contexte, le pape a encouragé «toute initiative, petite ou grande, individuelle ou collective, prise pour sauvegarder la création», jugeant que le monde se trouvait devant «une alternative que nous ne pouvons pas ignorer: améliorer ou détruire l’environnement».

Au fil d’un discours en espagnol truffé d’extraits de son encyclique ‘Laudato Si’, le pape François a mis en garde, comme il l’avait fait au siège de l’ONU à New York en septembre dernier, face à «la tentation de tomber dans un nominalisme de déclarations à effet tranquillisant sur les consciences» lors de la 21e Conférence des parties relative au changement climatique.

«J’espère, a alors assuré le pape, que la COP21 débouchera sur la conclusion d’un accord global et ›transformateur’ fondé sur les principes de solidarité, de justice, d’équité et de participation, et qui oriente vers la réalisation de trois objectifs, à la fois complexes et interdépendants: l’allègement de l’impact du changement climatique, la lutte contre la pauvreté et le respect de la dignité humaine».

Commerce: un système équitable

A l’approche de la 10ème Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui doit se tenir à Nairobi du 15 au 18 décembre, le pape a par ailleurs souhaité que ses travaux «ne soient pas un simple équilibre des intérêts en conflit, mais un vrai service à la sauvegarde de la maison commune et au développement intégral des personnes, surtout des plus défavorisées». «Même en reconnaissant tout l’effort réalisé dans ce domaine, il semble que l’on ne soit pas encore arrivé à un système commercial international équitable et totalement au service de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion», a déploré le pape, plusieurs fois interrompu par des applaudissements.

Le pontife a soulevé la préoccupation de ceux qui aident les plus pauvres concernant les accords sur la propriété intellectuelle, en particulier dans le domaine pharmaceutique, et l’accès aux médicaments ainsi qu’aux soins essentiels. Il a souhaité que les plus pauvres obtiennent «le temps, la flexibilité et les exceptions nécessaires à une adaptation ordonnée, et non traumatisante, aux normes commerciales».

Des trafics illégaux

Enfin, il a souhaité soulever la question «des trafics illégaux qui croissent dans un environnement de pauvreté, et qui, à leur tour, alimentent la pauvreté et l’exclusion». Et le pape de dresse la liste de ces trafics: «le commerce illégal de diamants et de pierres précieuses, de métaux rares ou de valeur stratégique, de bois et de matériel biologique, ainsi que de produits d’origine animale, comme dans le cas du trafic d’ivoire et le massacre des éléphants qui lui est relatif».

Ce trafic, a déploré le chef de l’Eglise catholique, alimente l’instabilité politique, le crime organisé et le terrorisme. «Cette situation, a-t-il conclu, est aussi un cri des hommes et de la terre qui doit être entendu par la communauté internationale». (cath.ch-apic/imedia/ami/rz)

 

 

Les Kényans ont accueilli le pape François à bras ouverts
26 novembre 2015 | 17:17
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 3  min.
COP21 (24), Kenya (119), Voyages du pape (545)
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