Pape François: «Pour comprendre Amoris Laetitia, il faut la lire de A à Z»
Pour comprendre Amoris laetitia, il faut la lire de A à Z et réfléchir…, a expliqué le pape François à un groupe de jésuites lors de son récent voyage en Colombie. A ceux qui prétendent qu’il n’y a pas de morale sûre derrière son exhortation apostolique, le pape répond de «manière claire que la morale d’Amoris laetitia est une morale thomiste», celle du grand saint Thomas d’Aquin.
La revue des jésuites Civiltà Cattolica publie le 28 septembre 2017 le compte-rendu d’un entretien privé du pape François avec des jésuites, lors de son voyage en Colombie. Parmi les sujets abordés, le pontife est revenu sur les nombreux commentaires de son exhortation apostolique Amoris laetitia de 2016.
Le pape François a rencontré, le 10 septembre dernier, en Colombie, 300 représentants de la communauté afro-américaine, assistés par des jésuites, dans le sanctuaire de saint Pierre Claver à Carthagène. Le pontife s’est ensuite entretenu en privé avec 65 religieux de la Compagnie de Jésus.
Relire le Synode sur la famille
Les commentaires sur Amoris laetitia sont respectables, a estimé le pape. Mais pour la comprendre, «il faut la lire de A à Z. En commençant par le premier chapitre, en continuant par le deuxième, et ainsi de suite… et réfléchir». Le pape a encouragé également à relire ce qui s’est dit pendant les deux sessions du Synode des évêques sur la famille en 2014 et 2015.
Le successeur de Pierre s’est arrêté sur la ›catholicité’ du document: «certains soutiennent que derrière Amoris laetitia, il n’y a pas de morale catholique, ou, tout du moins, que ce n’est pas une morale sûre. Je veux rappeler de manière claire que la morale d’Amoris laetitia est une morale thomiste, celle du grand Thomas». Il a en outre conseillé d’en parler avec le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, «un grand théologien, parmi les meilleurs aujourd’hui». Le grand Thomas, souligne-t-il encore, possède une très grande richesse, capable de nous inspirer encore aujourd’hui. Mais à genoux, toujours à genoux…». Car pour lui, la théologie doit se faire en priant.
La «soif de Dieu» du peuple
Dans cet échange avec les jésuites, le pape est également revenu sur la nécessité pour l’Eglise d’avoir des pasteurs qui se laissent «porter» par le peuple. Car si la religiosité populaire peut comporter des risques de superstition, lorsqu’elle est bien orientée, elle «manifeste une soif de Dieu que seuls les simples et les pauvres peuvent connaître».
Intitulé ›la grâce n’est pas une idéologie’, la retranscription de ce dialogue à bâtons rompus a été assurée par le Père Antonio Spadaro, directeur de la Civiltà Cattolica, et proche du pontife. Ces échanges ont eu lieu après que le pape a eu connaissance de la ›correction filiale’ des théologiens traditionalistes sur Amoris laetitia, remise en mains propres le 10 août. Celle-ci n’a cependant été rendue publique que le 24 septembre. (cath.ch/imedia/ap/mp)