Le pape François appelle les jésuites à la ferveur de la mission
Le pape François s’est adressé le 24 octobre 2016 aux jésuites réunis pour la suite de leur 36e Congrégation générale, au siège de la Curie généralice, à Rome. Le pontife, ancien jésuite lui-même, leur a demandé de faire un pas de plus pour renouveler leur ferveur de la mission.
Dans un discours nourri de références aux sources de la Compagnie de Jésus, le pape François a repris les mots de ses prédécesseurs Jean Paul II et Benoît XVI pour affirmer aux jésuites: l’Eglise a besoin de vous, notamment pour aller là où les autres ordres religieux ne vont pas: aux périphéries.
S’appuyant sur la Formule de l’Institut (1539), qui contient les règles de vie fondamentales des jésuites, le pontife a demandé à ses interlocuteurs le ›magis’ de saint Ignace (1491-1556) – ›plus’ en latin. Pour le pape, cette aspiration produit le feu et la ferveur de l’action, qui secouent ceux qui somnolent et permettent de lutter contre la ›mondanité spirituelle’.
Le pape a ainsi appelé ses anciens condisciples à la ferveur de la mission, leur demandant de faire un pas en avant sur trois points : la joie, la Croix et l’Eglise, en ôtant les obstacles semés par l’ennemi.
«Une bonne nouvelle ne peut se donner avec une face triste»
La joie n’est pas un plus décoratif, a d’abord expliqué le pape François, mais un indice de la grâce qui émane de la prière. Il faut donc demander avec insistance la consolation de Dieu, a-t-il ajouté, car «une bonne nouvelle ne peut se donner avec une face triste».
Ce n’est pas non plus une joie passagère, a poursuivi le successeur de Pierre, comme la voudrait notre époque de consommation. Le jésuite est un serviteur de la joie de l’Evangile quand il travaille à la conversion du cœur et à la docilité à l’Esprit, dont le temps seul permet de discerner l’action.
Deuxième point de son exhortation, le pontife a demandé aux jésuites de se laisser émouvoir par le Christ, sur la Croix et présent en nos frères qui souffrent. Afin, a-t-il enchaîné, de vivre comme saint Ignace dépendant de la pure miséricorde de Dieu, force régénératrice pour nos blessures personnelles ou communautaires.
Contre l’esprit anti-ecclésial
Enfin, troisième et dernier point évoqué par le Souverain pontife, «faire le bien de bon cœur, et sentir avec l’Eglise» (sentire cum ecclesia). Cela permet, a-t-il expliqué, de considérer nos péchés personnels et communautaires sans perdre la paix ni la joie. Ce qui revient aussi parfois à porter la croix et à expérimenter la pauvreté et l’humiliation.
Le pontife a donc incité les jésuites à s’incliner totalement du côté de notre Mère l’Eglise, à agir contre l’esprit anti-ecclésial. Non pour justifier une position, mais pour ouvrir un espace dans lequel l’Esprit pourra agir en son temps.On peut avoir de bonnes raisons de vouloir réformer l’Eglise, a encore ajouté le pape avec le jésuite Pierre Favre (1506-1546) – qu’il a lui-même canonisé – mais pas avec n’importe quelle méthode.
Jorge Maria Bergoglio a été provincial de la Compagnie de Jésus en Argentine de 1973 à 1980, avant d’être contesté et relégué à des postes subalternes. (cath.ch-apic/imedia/mp)